Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/153

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THEUROPIDE. Maintenant, va-t’en à la campagne, annonce mon arrivée à mon fils.

TRANION. J’exécuterai vos ordres.

THEUROPIDE. Fais diligence, et dis-lui qu’il revienne à la ville avec toi.

TRANION. Bien. (À part) Je vais me faufiler par la porte de derrière auprès de nos buveurs. Je leur apprendrai que tout est calme, et que j’ai su éloigner d’ici le vieillard.



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ACTE IV.


SCÈNE I. — PHANISQUE.


Les esclaves qui, même sans avoir péché, craignent le châtiment, sont de bons serviteurs. Ceux qui ne redoutent rien, la faute une fois faite, ont recours à des expédients stupides. Ils s’exercent à la course, ils fuient ; mais lorsqu’on les rattrape, ils se font un pécule de coups, n’ayant pas su s’en faire un d’argent. lis le grossissent peu à peu, et bientôt ils ont un trésor. Pour moi, avec ma petite sagesse, je tâche de me préserver du mal et de ne pas laisser entamer mon dos. Je veux continuer à conserver ma peau tout entière et ne pas l’exposer aux étrivières. Si je sais me maîtriser, je me trouverai toujours assez couvert. Que les coups pleuvent sur les autres, soit, mais pas sur moi. Le maître est toujours ce que le fait son serviteur, bon s’il est bon, mauvais s’il est méchant. Nous avons chez nous assez de garnements qui jettent leur pécule par les fenêtres et se font rouer de coups. Leur commande-t-on d’aller chercher leur maître : « Je n’irai pas, tu m’ennuies. Je sais ce qui te presse ; tu veux aller courir quelque part ; gros mulet, il te tarde d’aller pâturer dehors. » Voilà la récompense que j’ai emportée de chez nous pour mon empressement ; et puis je suis sorti, et de tant de serviteurs me voilà le seul au-devant du maître. Demain, lorsqu’il saura cela, il les fustigera dès le matin avec un bon nerf de bœuf. Mais je m’inquiète moins de leur dos que du mien. Ils seront tailleurs de cuir avant que je devienne cordier.