Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/180

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PEGNION. Ainsi, mauvaise fille, vous êtes décidée à me cacher où vous allez ?

SOPHOCLIDISQUE. Ainsi, mauvais garçon, tu t’entêtes à ne pas me dire où tu te diriges ?

PEGNION. La réponse vaut la demande : allez donc, puisque c’est comme cela. Je ne tiens guère à le savoir : bonjour.

SOPHOCLIDISQUE. Attends.

PEGNION. Je suis pressé.

SOPHOCLIDISQUE. Et moi de même.

PEGNION. Qu’est-ce que vous tenez là ?

SOPHOCLIDISQUE. Et toi ?

PEGNION. Moi, rien.

SOPHOCLIDISQUE. Voyons donc ta main.

PEGNION. Celle-ci ?

SOPHOCLIDISQUE. Et l’autre, filou, la gauche ?

PEGNION. Elle est chez nous ; je ne l’ai pas emportée.

SOPHOCLIDISQUE. Je ne sais ce que tu tiens là.

PEGNION. Ne me touchez pas, patineuse.

SOPHOCLIDISQUE. Et si je t’aime ?

PEGNION. Peine perdue.

SOPHOCLIDISQUE. Comment cela ?

PEGNION. Cela ne sert de rien d’aimer un ingrat.

SOPHOCLIDISQUE. Il faut profiter au bon moment de ton bel âge et de ta jolie figure, si tu ne veux pas, quand tes cheveux changeront de couleur, être toujours un misérable esclave. Mais tu ne pèses pas encore quatre-vingts livres.

PEGNION. À ce service-là, la vigueur fait bien plus que le poids. Mais je perds mon temps.

SOPHOCLIDISQUE. Pourquoi ?

PEGNION. J’en remontre à une savante. Allons, je m’attarde.

SOPHOCLIDISQUE. Reste.

PEGNION. Vous m’ennuyez.

SOPHOCLIDISQUE. Et je t’ennuierai jusqu’à ce que je sache où tu vas.

PEGNION. Chez nous.

SOPHOCLIDISQUE. Et moi aussi, chez vous.

PEGNION. Pour quoi faire ?

SOPHOCLIDISQUE. Est-ce que cela te regarde ?

PEGNION. A mon tour de vous empêcher d’aller, si je ne le sais pas.

SOPHOCLIDISQUE. Tu m’assommes.

PEGNION. Cela me plaît ainsi. Vous aurez, ma foi, beau