LYCUS, à part. Le gibier vient à moi.
COLLYBISCUS, à part. Oui, à la façon de l’âne qui détache des ruades.
LYCUS, à part. Faisons lui politesse. (Haut.) L’hôte salue son hôte ; je suis heureux de vous voir arrivé en bonne santé.
COLLYBISCUS. Que les dieux vous accordent leurs bienfaits pour vos bons souhaits.
LYCUS. On dit que vous cherchez un logement.
COLLYBISCUS. Oui.
LYCUS. Ces hommes qui viennent de me quitter disent que vous voulez être à l’abri des mouches[1].
COLLYBISCUS. Pas du tout.
LYCUS. Comment donc ?
COLLYBISCUS. Si je cherchais un logement à l’abri des mouches, je serais allé tout droit à la prison en arrivant. Je cherche un logement où je sois mieux choyé encore que les yeux du roi Antiochus.
LYCUS. Ma foi, je peux vous procurer ce lieu de délices, si toutefois vous voulez vous contenter d’un logement charmant, d’un lit garni d’une façon charmante, d’une charmante femme pour vous baiser, vous caresser.
COLLYBISCUS. C’est cela même.
LYCUS. Vous arroserez votre jeunesse avec des vins de Leucade, de Lesbos, de Thasos, de Cos, si vieux qu’ils n’ont plus de dents. Là je vous inonderai de parfums. Enfin je ferai en sorte qu’avec votre bain le baigneur puisse faire provision d’essences. Mais tous ces plaisirs-là sont de vrais soldats.
COLLYBISCUS. Comment cela ?
LYCUS. Ils veulent être payés comptant.
COLLYBISCUS Oh ! ma foi, vous n’êtes pas plus joyeux de recevoir que moi de donner.
LYCUS. Eh bien, suivez-moi, entrons.
COLLYBISCUS. Conduisez-moi, je me remets entre vos mains.
UN TÉMOIN, aux autres témoins. Si nous appelions Agorastoclès ? il serait lui-même le meilleur témoin… Hé ! vous qui voulez surprendre le voleur, sortez vite pour voir donner l’or.
- ↑ Le mot latin musca se dit des importuns ; de là la plaisanterie de Collybiscus.