Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/243

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SYNCÉRASTE. Je n’en dis pas d’autres.

MILPHION. Et que fais-tu là ?

SYNCÉRASTE. Ce que ne font pas souvent les adultères pris en flagrant délit ; je rapporte mes effets au complet.

MILPHION. Que les dieux vous exterminent, ton maître et toi.

SYNCÉRASTE. Moi non pas ; mais je pourrais bien les aider à l’exterminer, lui, si je n’avais peur.

MILPHION. Et de quoi ? parle.

SYNCÉRASTE. Tu es malin.

MILPHION. Pour les malins.

SYNCÉRASTE. Je suis malheureux.

MILPHION. Explique-toi ; tu ne mérites pas cela. Qu’est-ce qui te rend malheureux ? Tu as à la maison de quoi manger, de quoi faire l’amour à bouche que veux-tu, sans donner une obole à ta bonne amie ; du bonheur gratis.

SYNCÉRASTE. Que Jupiter me bénisse…

MILPHION. Comme tu en es digne, ma foi.

SYNCÉRASTE. Comme il est vrai que je voudrais voir périr toute la maisonnée.

MILPHION. Mets la main à l’œuvre, si tu en as tant d’envie.

SYNCÉRASTE. Il n’est pas aisé de voler sans plumes, et je n’ai pas de plumes aux ailes.

MILPHION. Ne les arrache pas ; dans deux mois d’ici tu auras deux bras emplumés[1].

SYNCÉRASTE. Va te faire pendre.

MILPHION. Vas-y plutôt, toi et ton maître.

SYNCÉRASTE. Ah ! si on le connaissait, il ne faudrait pas tant de temps pour le perdre.

MILPHION. Qu’y a-t-il donc ?

SYNCÉRASTE. Comme si tu étais capable de garder un secret !

MILPHION. Ton secret sera mieux gardé par moi que par une femme muette.

SYNCÉRASTE. Je me déciderais sans peine à te le confier, si je ne te connaissais pas.

MILPHION. Confie hardiment, à mes risques et périls.

SYNCÉRASTE. J’ai tort, et pourtant je parlerai.

MILPHION. Sais-tu que ton maître est l’ennemi mortel du mien ?

  1. Allusion grossière à la mauvaise odeur des aisselles chez certaines personnes, dans l’antiquité.