dire cela ? Car tu me fais l’effet d’un mignon plutôt que d’un homme.
AGORASTOCLÈS. Veux-tu savoir quel mignon je fais ? Holà, esclaves, sortez ! apportez des bâtons !
ANTHÉMONIDÈS. Eh là, ne prenez pas au sérieux ce que j’ai dit par plaisanterie.
ANTÉRASTILE. Mais aussi, Anthémonidès, quelle mouche vous pique de venir parler si grossièrement à notre cousin et à notre père ? Car voici notre père ; il nous a reconnues tout à l’heure, ainsi que le fils de son frère.
ANTHÉMONIDÈS. Ah, par Jupiter, voilà qui est bien fait ! J’en suis content, j’en suis ravi, surtout s’il doit en revenir quelque bonne mésaventure à ce coquin d’entremetteur ; pour vous, vous avez le bonheur que vous méritez.
ANTÉRASTILE. On peut l’en croire, j’en réponds ; croyons-le, mon père.
HANNON. Je le crois.
AGORASTOCLÈS. Et moi aussi ; mais voici Lycus, le brave homme, je l’aperçois, il revient chez lui.
HANNON. Qui est-ce ?
AGORASTOCLÈS. Ce que vous voudrez, le marchand d’esclaves Lycus. C’est lui qui a tenu vos filles en servitude ; c’est lui qui m’a volé mon or.
HANNON. Jolie connaissance que tu as là !
AGORASTOCLÈS. Traînons-le en justice.
HANNON. Pas du tout.
AGORASTOCLÈS. Pourquoi ?
HANNON. Parce qu’il vaut mieux en tirer une bonne indemnité.
SCÈNE VI. — LYCUS, AGORASTOCLÈS, HANNON, ANTHÉMONIDÈS.
LYCUS. On n’est jamais attrapé, selon moi, quand on raconte ses affaires à ses amis tout comme elles sont. Les miens sont tous d’accord : je n’ai qu’à me pendre, si je ne veux pas que la justice me mette entre les mains d’Agorastoclès.
AGORASTOCLÈS. Allons, drôle, au tribunal.
LYCUS. Je vous en supplie, Agorastoclès, permettez-moi de me pendre.
HANNON. Infâme coquin, je t’appelle en justice.
LYCUS. Qu’ai-je affaire avec vous ?
HANNON. J’affirme que voici mes deux filles, libres de naissance ; elles m’ont été volées toutes petites avec leur nourrice.