Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/289

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SIMON. Mais savez-vous à quoi je pense ? S’ils se sont entendus, Calliphon ? s’ils ont monté le coup ensemble pour m’escroquer mon argent ?

PSEUDOLUS. Y aurait-il un coquin plus effronté que moi, si j’étais capable d’un tour pareil ? Écoutez, Simon, si nous sommes d’intelligence, si nous avons jamais comploté ensemble pour cela, ou si même nous avons échangé un mot, vous pouvez me faire sur la peau, avec des plumes d’ormeau, autant de marques que le poinçon trace de lettres sur un rouleau.

SIMON. Eh bien, annonce pour quand il te plaira l’ouverture des jeux.

PSEUDOLUS. Donnez-moi cette journée, je vous prie, Calliphon, et ne vous occupez de nulle autre affaire.

CALLIPHON. J’avais décidé hier que j’irais à la campagne.

PSEUDOLUS. Changez vos dispositions.

CALLIPHON. Puisque c’est cela, je renonce à partir. J’ai envie d’assister à tes jeux, Pseudolus ; et si je vois qu’il ne te donne pas d’argent comme il l’a dit, je ne veux pas que cela soit, je t’en donnerai plutôt moi-même.

SIMON. Je ne me dédirai pas.

PSEUDOLUS. Non, car si vous refusiez on vous réclamerait à toute minute avec de beaux cris. Çà, rentrez à présent, et à votre tour laissez-moi la place nette pour dresser mes batteries.

SIMON. Soit, nous t’obéirons.

PSEUDOLUS. Mais je désire que vous ne bougiez pas de la maison.

SIMON. J’aurai encore cette complaisance.

CALLIPHON. Moi je vais faire un tour sur la place, et je reviens bien vite.

SIMON. Ne soyez pas long. (Les deux vieillards s’en vont.)

PSEUDOLUS, aux spectateurs. Je m’en doute bien, vous vous doutez que si je promets tant de belles choses, c’est pour vous amuser, pour arriver au bout de la pièce, et que je ne ferai pas ce que j’ai annoncé. Je ne me rétracte point, et il y a une chose dont je suis bien sûr, c’est que je ne sais pas encore comment je m’y prendrai ; mais je viendrai à mon but. Quand on se présente sur les planches dans une situation nouvelle, il faut y apporter quelque invention nouvelle aussi. Si l’on est impuissant, qu’on laisse la place à un plus capable. Mais je veux me retirer quelques instants au logis pour arrêter tout mon plan dans ma cervelle. Pendant ce temps, le joueur de flûte vous divertira.