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Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/302

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SIMIA. Est-ce que j’ai l’air d’avoir la tête ailleurs ?

PSEUDOLUS. Marche donc vite.

SIMIA. Je veux marcher à mon aise, moi.

PSEUDOLUS. L’occasion est belle, tandis que notre homme dort. Il faut que tu te présentes le premier.

SIMIA. Qu’est-ce qui te presse ? Doucement ! N’aie pas peur : si seulement Jupiter envoyait ici en même temps ce drôle, quel qu’il soit, qui vient de la part du militaire ! Jamais, par Pollux, il ne sera Harpax mieux que moi. Sois tranquille ; je te débrouillerai comme il faut ton écheveau. A force de ruses et de mensonges, je ferai si belle peur à ce soldat étranger qu’il se désavouera lui-même et trouvera que c’est moi qui suis lui.

PSEUDOLUS. Comment-est-ce possible ?

SIMIA. Tes questions m’assomment.

PSEUDOLUS. Tu es joli aussi avec tes ruses et tes mensonges ! Que Jupiter te conserva à moi !

SIMIA. A moi plutôt. Mais regarde, ce costume me sied-il ?

PSEUDOLUS. A ravir.

SIMIA. Bon.

PSEUDOLUS. Que les dieux immortels te comblent de tous les biens que tu peux désirer ! car si je te souhaitais ceux que tu mérites, ce serait moins que rien. Je n’ai jamais rien vu de plus malin ni de plus malfaisant que ce coquin.

SIMIA. C’est à moi que tu parles ?

PSEUDOLUS. Je me tais : mais que ne te ferai-je pas, que ne te donnerai-je pas, si tu mènes bien notre barque !

SIMIA. Te tairas-tu enfin ? A force de leur faire la leçon, on ôte la mémoire à ceux qui savent le mieux leur affaire. Je me souviens de tout, j’ai tout dans ma tête, mon plan est on ne peut mieux concerté.

PSEUDOLUS. L’honnête garçon !

SIMIA. Honnête ! ni toi ni moi.

PSEUDOLUS. Ne va pas broncher.

SIMIA. Veux-tu bien te taire !

PSEUDOLUS. Les dieux me protégent, aussi vrai que…

SIMIA. Ils n’en feront rien, tu ne vas débiter que menteries.

PSEUDOLUS. Aussi vrai que je t’aime, Simia, et te crains et t’admire pour ta perfidie !

SIMIA. Je sais en donner aux autres, mais moi on ne me fait rien avaler.

PSEUDOLUS. Comme je te régalerai, une fois le coup achevé !

SIMIA. Ha, ha, ha !