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Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/340

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tant d’argent là-bas avec des courtisanes ! Vous prétendiez que j’y amasserais des monceaux d’or.

CHARMIDÈS. Vous pensiez sans doute, sale bête, que vous alliez avaler toute la Sicile.

LABRAX. Quelle est la baleine qui a avalé ma valise où j’avais serré tout mon or et tout mon argent ?

CHARMIDÈS. La même, je suppose, qui a avalé avec mon sac ma bourse pleine d’argent.

LABRAX. Hélas ! j’en suis réduit à cette misérable petite tunique et à ce malheureux manteau : me voilà ruiné de fond en comble.

CHARMIDÈS. Je peux faire société avec vous. Nous avons chacun part égale.

LABRAX. Encore si j’avais sauvé mes fillettes, je conserverais quelque espoir. Si ce jeune homme me voit, ce Pleusidippe qui m’avait donné des arrhes pour Palestra, il me fera bien vite quelque méchante affaire.

LABRAX. Qu’avez-vous à pleurer, imbécile ? Tant que votre langue vous restera, vous aurez, ma foi, de quoi payer vos dettes.


SCÈNE VIII. — SCÉPARNION, LABRAX, CHARMIDÈS.


SCÉPARNION. Pourquoi donc ces deux femmes, dans le temple, embrassent-elles en pleurant la statue de Vénus ? Je ne sais de qui elles ont peur, les pauvrettes. Elles disent que la nuit dernière elles ont été ballottées sur les flots, qui les ont jetées à terre aujourd'hui.

LABRAX. Dites-moi, l’ami, où sont-elles ces femmes dont vous parlez ?

SCÉPARNION. Ici, dans le temple de Vénus.

LABRAX. Combien sont-elles ?

SCÉPARNION. Autant que vous et moi.

LABRAX. Certainement ce sont les miennes.

SCÉPARNION. Certainement je l’ignore.

LABRAX. Comment est leur figure ?

SCÉPARNION. Gentillette. Je ferais volontiers l’amour avec l’une ou avec l’autre, si j’avais un doigt de vin dans la tête.

LABRAX. Sans doute elles sont jeunes ?

SCÉPARNION. Sans doute vous m’ennuyez : allez les voir si le cœur vous en dit.