Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/354

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mes exploits, et j’y fonderai un grand empire. J’agite là de bien beaux projets dans ma tête ; mais il faut serrer cette valise. En attendant, le roi va dîner avec du vinaigre et du sel, sans aucun bon fricot.


SCÈNE III. - TRACHALION, GRIPUS.


TRACHALION. Hé ! arrête. Gripus. Pourquoi cela ?

TRACHALION. Que je ramasse ce câble qui traîne derrière toi.

GRIPUS. Laisse.

TRACHALION. Eh, ma foi, je veux t’aider, car le service qu’on rend aux braves gens n’est jamais perdu.

GRIPUS. Il a fait gros temps hier, l’ami, et je n’ai pas de poissons, ne t’imagine pas que j’en aie. Ne vois-tu pas que je rapporte mon filet tout trempé, sans la moindre bête à écailles ?

TRACHALION. J’ai moins envie de poissons, ma foi, que besoin de causer avec toi.

GRIPUS. Tu m’assommes déjà, qui que tu sois.

TRACHALION. Je ne te laisserai pas aller : reste.

GRIPUS. Prends garde à toi ! Ah çà, pourquoi me retiens-tu ?

TRACHALION. Écoute.

GRIPUS. Je n’écoute rien.

TRACHALION. Si fait, tu écouteras.

GRIPUS. Plus tard, tu me diras tout ce que tu voudras.

TRACHALION. Oh, oh ! ce que je veux te raconter vaut la peine d’être entendu.

GRIPUS. Parle ; de quoi s’agit-il ?

TRACHALION. Regarde si nous n’avons personne sur les talons.

GRIPUS. Est-ce quelque chose qui m’intéresse ?

TRACHALION. Sans doute : mais trouverai-je en toi un homme de bon conseil ?

GRIPUS. Dis seulement un mot de l’affaire.

TRACHALION. Voici : tais-toi. Mais donne-moi ta parole que tu ne me trahiras pas.

GRIPUS. Je te la donne, je garderai ton Secret, qui que tu sois.

TRACHALION. Écoute. J’ai vu quelqu’un faire un vol : je connaissais le maître de l’objet volé. Alors je viens trouver le voleur et je lui propose le marché que voici : « Je sais qui on a volé ; mais si tu veux me donner la moitié, je ne te dénoncerai pas au propriétaire. » Il ne m’a pas encore répondu ; alors qu’est-il juste qu’il me donne ? la moitié, n’est-ce pas ?