Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/373

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LABRAX. C’est donc une prière pour chose qui dépend de moi ?

DÉMONÈS. Je ferais de belle besogne, si j’allais à mes risques et périls prétendre sur ce qui t’appartient !

GRIPUS, à part. Je suis sauvé ; le maraud chancelle : c’est signe de liberté.

DÉMONÈS. Celui-ci a trouvé cette valise ; il est mon esclave. Je te l’ai conservée avec cette grosse somme.

LABRAX. Je vous remercie, et je ne m’oppose pas à ce que vous receviez le talent que je lui ai promis.

GRIPUS. Dis donc, c’est à moi qu’il faut le donner, si tu n’as pas perdu le sens.

DÉMONÈS. Te tairas-tu, à la fin ?

GRIPUS. Vous avez l’air de prendre mes intérêts, et c’est pour vous que vous plaidez. Sur ma foi, vous ne me ferez pas tort de ce talent, si je perds le reste du butin.

DÉMONÈS. Tu seras étrillé si tu ajoutes un seul mot.

GRIPUS. Eh ! tuez-moi si vous voulez ; je ne me tairai que si on me ferme la bouche avec un talent.

LABRAX, montrant Démonès. Il veille au grain pour toi ; silence !

DÉMONÈS. Viens un peu par ici, mauvais marchand.

LABRAX. Volontiers.

GRIPUS. Parlez tout haut, je ne veux pas de murmure ni de chuchoterie.

DÉMONÈS, à Labrax. Dis-moi, combien as-tu acheté cette autre fillette, Ampélisca ?

LABRAX. J’ai versé mille doubles drachmes.

DÉMONÈS. Veux-tu que je te propose un excellent marché ?

LABRAX. De tout cœur.

DÉMONÈS. Je partage en deux le talent.

LABRAX. Bon.

DÉMONÈS. Prends-en la moitié pour affranchir la petite, et donne l’autre moitié à celui-ci.

LABRAX. J’y consens.

DÉMONÈS. Pour cette moitié j’affranchirai Gripus, qui est cause que tu as retrouvé ta valise et moi ma fille.

LABRAX. C’est bien fait ; mille fois merci.

GRIPUS, s’approchant. Va-t-on bientôt me payer ?

DÉMONÈS. C’est réglé, Gripus : j’ai l’argent.

GRIPUS. Mais j’aime mieux l’avoir moi-même, ma foi.

DÉMONÈS. Tu n’as rien à prétendre ici, ne te fais pas illusion. Délie-le de son serment.