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ACTE III.


SCÈNE I. — CALLICLÈS, STASIME.


CALLICLÈS. Comment dis-tu cela, Stasime ?

STASIME. Notre jeune maître Lesbonicus vient d’accorder sa sœur, c’est comme cela que je dis.

CALLICLÈS. A qui ?

STASIME. A Lysitélès, le fils de Philton, sans dot.

CALLICLÈS. Sans dot il l’établirait dans une si riche maison ! Ce que tu nous chantes n’est pas croyable.

STASIME. Eh bien, ma foi, ne le croyez pas. Si vous êtes incrédule, je croirai, moi…

CALLICLÊS. Quoi ?

STASIME. Que cela m’est bien égal.

CALLICLÊS. Mais quand cela ? où cela s’est-il passé ?

STASIME. A l’instant, ici, devant la porte. Tout fraîchement, comme disent les gens de Préneste.

CALLICLÈS. Ainsi Lesbonicus en se ruinant aurait fait plus d’économies qu’en conservant son bien.

STASIME. Et c’est Philton en personne qui est venu faire la demande pour son fils.

CALLICLÊS, à part. Par Hercule ! ce serait une honte que la jeune fille n’eût point de dot. Après tout, ma foi, je vois que c’est mon affaire. J’irai trouver mon faiseur de mercuriales et lui demander conseil. (Il sort.)

STASIME. Je sais à peu près ce qui le presse, je m’en doute un peu : il veut dépouiller Lesbonicus de sa campagne, après l’avoir dépouillé de sa maison. Ô Charmide mon maître, comme on pille ton bien en ton absence ! Puisse-je te voir revenir sain et sauf pour punir tes ennemis et me récompenser de ce que j’ai été et suis encore pour toi ! Il est bien difficile de trouver un ami digne de ce nom, à qui l’on puisse confier ses intérêts et dormir ensuite sur les deux oreilles… Mais voici notre gendre avec son beau-frère. Ils n’ont pas trop l’air d’être d’accord ; ils allongent le pas tous les deux : l’un retient l’autre par son manteau. Ils ne s’arrêtent pas de bonne grâce : retirons-nous un peu ; j’ai envie d’écouter la conversation des deux beaux-frères.