Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/448

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LE SYCOPHANTE. Eh bien, pour être arrivé si. tard, vous serez fustigé par mon ordre et par celui des nouveaux édiles.

CHARMIDE. Vous osez m’outrager ?

LE SYCOPHANTE. Au contraire, et puisque vous arrivez en bonne santé… que les dieux vous exterminent ; ils l’auraient fait plus tôt que je ne m’en embarrasserais guère. J’ai reçu de l’argent pour faire ma commission ; que la fièvre vous étouffe ! Au reste, soyez ceci, ne soyez pas cela, je ne donnerais pas un cheveu. Je vais aller trouver l’homme qui m’a payé les trois deniers, pour qu’il sache qu’il les a perdus. Je pars ; mauvaise vie et mauvaise santé. Que tous les dieux vous étranglent à votre arrivée des pays étrangers, Charmide. (Il sort.)

CHARMIDE. Puisque le drôle est parti, il me semble que c’est le moment de parler tout à mon aise, l’occasion est bonne. J’ai depuis tout à l’heure un souci qui me pique le cœur : qu’avait-il à faire devant ma maison ? Cette lettre me bouleverse l’esprit, et ces mille philippes, qu’est-ce que cela signifie ? Une sonnette ne sonne jamais pour rien ; si on ne la touche pas, si on ne l’agite pas, elle reste muette… Mais quel est cet autre qui se met à courir à travers la place ? Observons ce qu’il veut, retirons-nous par ici.


SCÈNE III. — STASIME, CHARMIDE.


STASIME. Allons, Stasime, allonge les jambes ; hâte-toi de rentrer au logis, chez ton maître, si tu ne veux compromettre tes épaules par ta sottise. Double le pas, dépêche ; voilà longtemps que tu es sorti de la maison. Prends garde que le nerf de bœuf ne se mette à siffler sur ton dos si tu n’es pas là et que le maître te cherche ; cours, ne te ralentis pas. Quel vaurien tu fais, mon pauvre Stasime ! N’as-tu pas oublié ton anneau dans le cabaret où tu arrosais de vin chaud ton gosier ? Retourne, cours le réclamer pendant qu’il en est encore temps.

CHARMIDE, à part. Ce gaillard, quel qu’il soit, va à l’école d’un ver de terre qui lui apprend à courir.

STASIME. Eh bien, coquin, ne rougis-tu pas ? quoi ? trois coups t’ont fait perdre la mémoire ? Sans doute tu buvais là-bas avec de braves gens, incapables de toucher au bien d’autrui ? Il y avait là Théruque, Cerconique, Crinnus, Cercobule, Collabe, drôles à l’œil poché, aux jambes meurtries, qui usent les entraves et les fouets. Et tu veux aller leur redemander ton an-