Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/47

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CHARINUS. Où cela ?

EUTYQUE. Je sais où.

CHARINUS. J’aimerais mieux le savoir.

EUTYQUE. Allons, du calme.

CHARINUS. Quand mon cœur est dans la tourmente ?

EUTYQUE. Je le conduirai au port, ne craignez rien.

CHARINUS. De grâce, dites-moi où elle est, où vous l’avez vue. Vous vous taisez ? ah ! parlez, ce silence me tue.

EUTYQUE. Elle n’est pas loin de nous.

CHARINUS. Montrez-la donc, si vous la voyez.

EUTYQUE. Non, certes, je ne la vois pas à présent, mais je l’ai vue tout à l’heure.

CHARINUS. Faites vite que je la voie.

EUTYQUE. Je le ferai.

CHARINUS. C’est bien long pour mon amour.

EUTYQUE. Vous craignez encore ? Je vous instruirai de tout : celui qui la possède est le meilleur ami que j’aie au monde, et celui que je dois chérir le plus.

CHARINUS. Peu m’importe, c’est elle que je cherche.

EUTYQUE. C’est d’elle aussi que je vous parle. Mais je n ai pas songé à vous dire…

CHARINUS. Dites donc, où est-elle ?

EUTYQUE. Dans notre maison.

CHARINUS. Belle maison, si vous dites vrai, charmante pièce d’architecture ! Mais comment le croire ? l’avez-vous vue ? Ou ne parlez-vous que par ouï dire ?

EUTYQUE. Je l’ai vue moi-même.

CHARINUS. Qui l’a amenée chez vous ?

EUTYQUE. Vous en demandez trop.

CHARINUS. C’est vrai.

EUTYQUE. Vous n’avez, Charinus, aucune retenue. Que vous importe avec qui elle est venue ?

CHARINUS. Pourvu qu’elle y soit.

EUTYQUE. Elle y est certainement.

CHARINUS. Pour une pareille nouvelle, demandez-moi ce que vous voudrez.

EUTYQUE. Et si je vous fais une demande ?

CHARINUS. Priez les dieux de vous l’accorder.

EUTYQUE. Vous plaisantez.

CHARINUS. Tout est sauvé si je puis la revoir. Mais si je me débarrassais de cet attirail ? Holà, quelqu’un ! qu’on sorte au plus vite et qu’on m’apporte un manteau.