Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/77

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SCÉLÈDRE. Faites un traité avec moi ; je ne vous lâcherai pas que vous ne me donniez parole positive de venir chez nous si je vous lâche.

PHILOCOMASIE. Qui que vous soyez, vous me faites violence. Eh bien, je vous donne ma parole, si vous me lâchez, d’aller dans cette maison où vous voulez me conduire.

SCÉLÈDRE. Vous voilà libre.

PHILOCOMASIE. Et j’en profite, je me sauve.

SCÉLÈDRE. Voilà bien la foi des femmes. (Elle rentre chez Périplectomène.)

PALESTRION. Scélèdre, tu as lâché ta proie. Cette femme est on ne peut mieux la maîtresse de notre maître. Veux-tu agir en brave ?

SCÉLÈDRE. Que faut-il faire ?

PALESTRION. Va me chercher mon coutelas chez nous.

SCÉLÈDRE. Qu’en feras-tu ?

PALESTRION. J’entrerai tout droit dans cette maison, et le premier que je vois là dedans embrasser Philocomasie, je lui tranche la tête sur place.

SCÉLÈDRE. Il t’a semblé que c’était elle ?

PALESTRION. Oui, par Pollux, c’est bien elle. Comme elle dissimulait ! Mais va, apporte-moi mon coutelas.

SCÉLÈDRE. Dans l’instant même. (Il rentre.)

PALESTRION. Non, il n’y a ni cavalier ni fantassin qui ait assez d’audace, assez de front, pour faire ce que fait une femme. Comme elle a bien joué son double personnage ! comme elle attrape mon camarade, cet espion roué ! Ce passage dans la muraille est aussi par trop amusant.

SCÉLÈDRE. Hé ! Palestrion, nous n’avons que faire du coutelas.

PALESTRION. Qu’est-ce donc ? que faut-il ?

SCÉLÈDRE. La maîtresse de notre maître est à la maison.

PALESTRION. Comment, à la maison ?

SCÉLÈDRE. Elle est couchée sur son lit.

PALESTRION. Par ma foi, tu t’es attiré, comme tu dis, une jolie affaire !

SCÉLÈDRE. Comment cela ?

PALESTRION. En osant porter la main sur cette femme qui demeure chez le voisin.

SCÉLÈDRE. J’en ai bien peur ; mais enfin on ne peut faire que ce ne soit pas sa sœur jumelle.

PALESTRION. Tu l’avais vue, elle-même, dans les bras d’un homme. Et maintenant, à t’entendre, il est clair que c’était l’autre.