Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/79

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confusion que la mer n’est couverte de vagues quand il fait grand vent.

SCÉLÈDRE. Je suis dans une telle angoisse, Périplectomène, que je ne sais si je dois commencer par me plaindre de vous, ou s’il ne vaut pas mieux que je vous fasse des excuses, si cette femme n’est pas la nôtre, si ce n’est pas elle. Ainsi, à présent, je ne sais plus ce que j’ai vu : cette personne qui est chez vous ressemble comme deux -gouttes d’eau à notre maîtresse, si ce n’est pas elle-même.

PÉRIPLECTOMÈNE. Va voir chez moi, tu le sauras.

SCÉLÈDRE. Vous le permettez ?

PÉRIPLECTOMÈNE. Je te l’ordonne ; mais regarde sans faire de bruit.

SCÉLÈDRE. C’est bien mon dessein. (Il sort.)

PÉRIPLECTOMÈNE. Hé, Philocomasie, courez vite, passez chez nous ; cela presse. Et puis, quand Scélèdre sera sorti de ma maison, courez chez vous encore plus vite… Par Pollux, je crains qu’elle ne perde la tête. S’il ne la voit pas chez nous, la ruse est découverte.

SCÉLÈDRE, revenant. Dieux immortels ! il est impossible que les dieux fassent une ressemblance plus frappante ; c’est tout là même femme, sans être la même.

PÉRIPLECTOMÈNE. Eh bien ?

SCÉLÈDRE. J’ai mérité une peine.

PÉRIPLECTOMÈNE. Enfin, est-ce elle ?

SCÉLÈDRE. Oui, c’est elle, et ce n’est pas elle.

PÉRIPLECTOMÈNE. L’as-tu vue ?

SCÉLÈDRE. Je l’ai vue, et j’ai vu votre hôte qui l’embrassait et la tenait pressée.

PÉRIPLECTOMÈNE. Est-ce elle ?

SCÉLÈDRE. Je ne sais.

PÉRIPLECTOMÈNE. Veux-tu t’en assurer ?

SCÉLÈDRE. Je le voudrais bien.

PÉRIPLECTOMÈNE Va chez vous à l’instant, et vois si votre maîtresse est à la maison.

SCÉLÈDRE. En effet, bon conseil ; je reviens vous trouver tout de suite. (Il entre.)

PÉRIPLECTOMÈNE. Je n’ai, ma foi, jamais vu se jouer d’un homme d’une façon plus joyeuse et plus étonnante… Mais le voilà qui sort.

SCÉLÈDRE. Périplectomène, je vous en conjure au nom des dieux et des hommes, par ma sottise, par vos genoux…