Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/95

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tandis que je renvoie l’une, l’autre n’aille pas me manquer de parole.

PALESTRION. Oh ! quelle plaisanterie ! une femme qui vous adore comme la prunelle de ses yeux !

PYRGOPOLINICE. Ah ! Vénus me protége.

PALESTRION. St ! paix ! la porte s’ouvre ; tirez-vous un peu par ici, cachez-vous. C’est l’aviso qui sort pour remplir un message.

PYRGOPOLINICE. Quel aviso ?

PALESTRION. Sa petite suivante, celle qui sort en ce moment ; c’est elle qui m’a apporté l’anneau que je vous ai remis.

PYRGOPOLINICE. Par Pollux, elle est gentille.

PALESTRION. Une guenon, une chouette, à côté de l’autre. Voyez-vous comme elle a l’œil à la découverte, l’oreille au guet ?


SCÈNE II. — MILPHIDIPPE, PYRGOPOLINICE, PALESTRION.


MILPHIDIPPE, à part. Voici donc devant la maison le cirque où je dois jouer ma comédie. Je ferai semblant de ne pas les voir, d’ignorer qu’ils sont là.

PYRGOPOLINICE, à Palestrion. Silence, écoutons si elle parle de moi.

MILPHIDIPPE. N’y a-t-il pas ici près pour épier mes démarches des gens plus occupés des affaires d’autrui que des leurs, de ces oisifs qui ont leur pain sur la planche ? Je crains qu’ils ne traversent mes projets et ne suscitent quelque obstacle tandis qu’elle sortira de la maison pour venir ici, puisqu’elle est éprise du voisin et qu’elle raffole de cet homme si séduisant et si beau, le brave Pyrgopolinice.

PYRGOPOLINICE. Eh ! comme celle-là en tient aussi pour moi ! elle fait l’éloge de mes charmes ; par Pollux, voilà des paroles qui n’ont pas besoin de passer à la lessive.

PALESTRION. Comment cela ?

PYRGOPOLINICE. C’est un langage net et qui n’a rien de terne.

PALESTRION. En parlant de vous, elle ne touche rien qui ne soit fort reluisant.

PYRGOPOLINICE. D’ailleurs elle-même est une petite femme toute sémillante et toute proprette. Par Hercule, je sens quelque velléité, Palestrion.

PALESTRION. Avant de voir l’autre ?