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LIVRE II.


l’empereur Claude (an de Rome 707, de J. C. 54) ; témoin enfin le règne de ce prince, durant lequel l’influence en fut presque continuelle et funeste. On pense que la diversité des effets qu’elles produisent dépend des parties vers lesquelles elles s’élancent, de l’étoile dont elles ressentent l’action, des formes qu’elles imitent, et des lieux où elles font éruption. On assure que, présentant la forme d’une flûte, elles sont un signe d’art musical ; de mœurs infâmes, paraissant dans les parties honteuses des constellations ; d’esprit et de science, quand elles sont en trine aspect ou en quadrature avec quelqu’un des astres permanents ; et qu’elles versent des poisons, étant dans la tête du Dragon du nord ou du midi. 4Rome est le seul lieu de l’univers qui ait élevé un temple à une comète, celle que le dieu Auguste jugea de si bon augure pour lui. Elle apparut lors des débuts de sa fortune, pendant les jeux qu’il célébrait en l’honneur de Vénus Genitrix, peu de temps après la mort de son père César, et dans le collège institué pour cela par ce dernier ; il exprima en ces termes la joie qu’elle lui causait : « Pendant la célébration de mes jeux, on aperçut durant sept jours une comète dans la région du ciel qui est au Septentrion. Elle commençait à paraître vers la onzième heure (cinq heures du soir); elle eut beaucoup d’éclat, et fut visible de toutes les parties de la terre. Suivant l’opinion générale, cet astre annonça que l’âme de César avait été reçue au nombre des divinités éternelles ; c’est à ce titre qu’une comète fut ajoutée à sa statue, que peu de temps après nous consacrâmes dans le forum. » 5Tel fut du moins son langage public ; mais dans l’intimité il se félicitait de l’apparition de cette comète, née, disait-il, pour lui, et dans laquelle il naissait à son tour : à vrai dire, ce fut un bonheur pour la terre. Il y a des auteurs qui pensent que les comètes sont des astres durables, qui ont leur propre orbite, mais qui ne sont visibles que lorsque le soleil les a abandonnés ; d’autres, au contraire, supposent qu’elles sont le produit du concours fortuit de l’humidité et de la force ignée, et que, en conséquence, elles se dissolvent.

XXIV.

1(XXVI.) Hipparque, dont nous avons déjà parlé (chap. 9 et 10), Hipparque, qu’on ne louera jamais assez, car personne plus que lui n’a fait sentir que l’homme a des affinités avec les astres et que nos âmes sont une partie du ciel, a observé une étoile nouvelle différente des comètes, et née de son temps. Le jour où il la vit briller, le mouvement qu’il y aperçut excita des doutes dans son esprit ; il se demanda si cela n’arrivait pas souvent, et si les étoiles que nous croyons fixes n’étaient pas mobiles elles-mêmes : 2alors il osa, chose audacieuse même pour un dieu, dresser pour la postérité le catalogue des étoiles, et en faire, pour ainsi dire, l’appel nominal. À cet effet, il inventa des instruments pour déterminer avec précision la position et la grandeur de chacune ; il donna ainsi les moyens de reconnaître non-seulement si elles mouraient ou naissaient, mais encore si quelques-unes traversaient le ciel ou s’y mouraient, et semblablement si elles croissaient ou diminuaient, laissant à tous le ciel en héritage, s’il se trouvait quelqu’un capable de recueillir la succession.

XXV.

1 Il y a aussi des torches flamboyantes, visibles seulement quand elles tombent, comme celle qui, en plein midi, traversa le ciel aux yeux du peuple pendant les combats de gladiateurs donnés par le César Germanicus. On en distingue deux espèces : les lampades, qui sont tout