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LIVRE II.


XXXIII.

1(XXXIII.) On a vu pendant la nuit, sous le consulat de C. Caecilius et de Cn. Papirius (an de Rome 641), et d’autres fois encore, une lumière se répandre dans le ciel, de sorte qu’une espèce de jour remplaçait les ténèbres.

XXXIV.

1(XXXIV.) Un bouclier ardent, jetant des étincelles, a traversé le ciel de l’occident à l’orient, au moment du coucher du soleil, sous le consulat de L. Valerius et de C. Marius (an de Rome 654).

XXXV.

1(XXXV.) Sous le consulat de Cn. Octavius et de C. Scribonius (an de Rome 678), phénomène mentionné une seule fois, une étincelle étant tombée d’une étoile s’accrut à mesure qu’elle approchait de la terre, atteignit la grandeur de la lune, et donna une clarté pareille à un jour nuageux ; puis, regagnant le ciel, prit la forme d’une torche. Le proconsul Silanus, avec sa suite, en fut témoin.

XXXVI.

1(XXXVI.) Il arrive aussi que des étoiles semblent se détacher : cela n’est pas sans signification, et il ne manque jamais de s’élever de ce côté des vents formidables.

XXXVII.

1 Il se montre des étoiles dans la mer et sur la terre. (XXXVII.) J’ai vu, la nuit, pendant les factions des sentinelles devant les retranchements, briller à la pointe des javelots des lueurs à la forme étoilée. Les étoiles se posent sur les antennes et sur d’autres parties des vaisseaux avec une espèce de son vocal, comme des oiseaux allant de place en place. Cette espèce d’étoile est dangereuse quand il n’en vient qu’une seule ; elle cause la submersion du bâtiment ; et si elle tombe dans la partie inférieure de la carène, elle y met le feu. Mais s’il en vient deux, l’augure en est favorable ; elles annoncent une heureuse navigation : l’on prétend même que, survenant, elles mettent en fuite Hélène, c’est le nom de cette étoile funeste et menaçante. Aussi attribue-t-on cette apparition divine à Castor et à Pollux, et on les invoque comme les dieux de la mer. 2La tête de l’homme est quelquefois, pendant le soir, entourée de ces lueurs, et c’est un présage de grandes choses. La raison de tout cela est un mystère caché derrière la majesté de la nature.

XXXVIII.

1(XXXVIII.) Jusqu’à présent nous avons parlé du monde lui-même et des astres ; je passe à ce qui reste de remarquable dans le ciel. En effet, le nom de ciel a été aussi donné par nos ancêtres à cet espace qui semble vide, et qui, sous le nom d’air, répand le souffle de vie. Cette région est au-dessous de la lune, et de beaucoup ; telle est du moins l’opinion à peu près générale : faisant un immense emprunt et à l’éther supérieur et aux exhalaisons terrestres, elle participe de ces deux natures.

2De là les nuages, les tonnerres et les éclairs ; de là les grêles, les brouillards, les pluies, les tempêtes, les tourbillons ; de là de nombreux désastres pour les mortels, et une lutte intestine de la nature avec elle-même. Des choses terrestres, qui tendent vers le ciel, sont repoussées par la force des astres ; d’autres, qui spontanément n’y montent pas, sont entraînées par elles. Les pluies tombent, les nuages montent, les rivières se dessèchent, la grêle se précipite, les rayons embrasent, et de toutes parts ils poussent la terre dans l’espace ; réfléchis, ils rebroussent chemin, emportant avec eux ce qu’ils peuvent. La chaleur vient d’en haut, et elle y retourne. Les vents fondent à vide sur la