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LIVRE II.


ne sont jamais allés, on en apprend plus sur certains points, à l’aide de leurs livres, que par toutes les connaissances des habitants. De nos jours, au contraire, au sein d’un pays que fête l’univers, sous un prince qui se plaît tant à voir prospérer les choses et les arts, non seulement on n’ajoute rien aux découvertes déjà faites, mais encore on ne se tient pas même au niveau des connaissances des anciens. 3Les récompenses n’étaient pas plus grandes, car la puissance souveraine était partagée entre plus de mains ; et pourtant beaucoup ont fouillé ces secrets de la nature, sans autre rémunération que la satisfaction d’être utiles à la postérité. Ce sont les mœurs qui ont déchu, et non les récompenses. La mer est ouverte dans toute son étendue, tous les rivages sont hospitaliers ; 4mais la foule immense qui navigue le fait pour l’amour du gain et non de la science, sans songer, dans son aveuglement et dans son avidité exclusive, que la navigation elle-même devient plus sûre par la science. En conséquence, avec plus de détails qu’il ne convient peut-être au plan de cet ouvrage, je traiterai des vents, en considération de tant de milliers de marins.

XLVI.

1(XLVII.) Les anciens n’ont compté que quatre vents, et Homère (Od. V, 295) n’en nomme pas davantage pour les quatre points cardinaux, division qui bientôt parut trop grossière. À ces quatre l’âge suivant en ajouta huit, division qui, à son tour, parut trop subtile et trop fractionnée. Alors on jugea convenable de prendre un terme moyen, et d’ajouter à la division trop succincte quatre vents pris à la division trop nombreuse. Il y a donc deux vents dans chacune des quatre parties du monde. Le Subsolanus (est), venant du lever du printemps ; le Vulturne (sud-est), venant du lever de l’hiver : les Grecs appellent le premier Aphéliotes, le second Eurus ; l’Auster (sud), venant du midi ; l’Africus (sud-ouest), venant du coucher de l’hiver : 2les Grecs les appellent Notus et Libs ; le Favonius (ouest}, venant du coucher du printemps ; le Corus (nord-ouest), du coucher de l’été : Zephyr et Argestes en grec ; le Septentrion (nord), venant du septentrion, et l’Aquilon (nord-est), soufflant entre le précédent et le lever de l’été : Aparctias et Borée en grec. Dans la rose la plus nombreuse on avait intercalé quatre rhombes : le Thrascias (nord-nord-ouest), dans l’espace intermédiaire entre le septentrion et le coucher du midi ; le Cæcias (est-nord-est), venant du lever de l’été, entre l’Aquilon et le lever du printemps ; le Phœnicias (27) (sud-sud-­est), dans la région intermédiaire entre le lever de l’hiver et le midi ; et de même, entre le Libs et le Notus, le Libonotus (sud-sud-ouest), composé de l’un et de l’autre, intermédiaire entre le midi et le coucher de l’hiver. 3Ce n’est pas tout : d’autres ont ajouté un vent (nord-est-nord) appelé Meses, entre le Borée et le Cæcias, et un vent (sud­-est-sud) appelé Euronotus, entre l’Eurus et le Notus. Il y a en outre des vents particuliers à chaque contrée, et qui ne s’étendent pas au delà d’une certaine limite : tel est dans l’Attique le Sciron, déviant un peu de l’Argestes, et inconnu dans le reste de la Grèce ; le même, quand il est un peu plus septentrional, est appelé Olympias ; dans le langage habituel, on rapporte à l’Argestes ces dénominations. 4Quelques-uns nomment le Cæcias vent d’Hellespont ; au reste, les appellations de ces mêmes vents varient suivant les localités. Dans la Narbonnaise, il est un vent très célèbre, le Circius, qui ne le cède en