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PLINE.


à Méroé, de douze heures équinoxiales et deux tiers d’heure ; à Alexandrie, de quatorze ; en Italie, de quinze ; en Bretagne, de dix-sept. Dans ce dernier pays les nuits claires de l’été indiquent sans aucun doute ce que la raison force de croire, à savoir qu’aux solstices d’été, le soleil s’approchant davantage de notre pôle et décrivant le cercle le plus étroit, la région polaire a des jours continus de six mois ; par conséquent les nuits sont de six mois quand il est passé au solstice d’hiver. Pythéas de Marseille a écrit que cela arrivait dans l’île de Thulé, éloignée de la Bretagne, au nord, de six jours de navigation. Quelques-uns assurent qu’il en est ainsi dans l’île de Mona (Anglesey) (VI, 30), distante d’environ deux cents milles (myriam. 29,45) de Camaldunum (45), ville de Bretagne.

LXXVIII.

1(LXXVI.) Cette théorie des ombres et la science qu’on appelle gnomonique ont été inventées par Anaximène de Milet, disciple d’Anaximandre, dont nous avons parlé (II, 6) ; et le premier il a montré à Lacédémone le cadran qu’on appelle sciothérique (σκία, ombre, θήρα, recherche).

LXXIX.

1(LXXVII.) Le jour lui-même a été déterminé de manières différentes. Les Babyloniens le comptent entre deux levers du soleil ; les Athéniens, entre deux couchers ; les Ombriens, de midi à midi ; le vulgaire, de la lumière aux ténèbres ; les pontifes romains et ceux qui ont fixé le jour civil, ainsi que les Égyptiens et Hipparque, de minuit à minuit. Le temps pendant lequel le soleil est invisible entre deux levers est plus court vers le solstice d’été que vers l’équinoxe ; car à l’équinoxe la position de l’astre dans le zodiaque est plus basse, au solstice elle est plus élevée.

LXXX.

1(LXXVIII.) Ici viennent les faits qui dépendent de ces influences célestes. Les Éthiopiens sont, en raison de la proximité, brûlés par la chaleur du soleil. Ils naissent comme s’ils avaient été soumis à l’action du feu ; leur barbe et leurs cheveux sont crépus. Dans la plage opposée, dans la zone glaciale, les habitants ont la peau blanche, une longue chevelure blonde. La rigueur du climat rend farouches les peuples du nord ; la mobilité de l’air (VI, 35) rend stupides ceux de la zone torride. La conformation des jambes mêmes montre chez les uns l’action de la chaleur, qui appelle les sucs dans les parties supérieures ; chez les autres, l’afflux des liquides tombant dans les parties inférieures. Au nord, des bêtes pesantes ; au midi, des animaux de formes variées, surtout parmi les oiseaux, qui offrent toutes sortes de figures. 2Des deux côtés la taille des habitants est haute, ici par l’action des feux, là par l’abondance des liquides. Dans l’espace intermédiaire la température est salubre ; le sol est propre à toutes les productions ; la taille est médiocre ; la couleur même de la peau présente un juste mélange ; les mœurs sont douces, les sens pénétrants, l’intelligence féconde, et capable d’embrasser la nature entière. Ce sont ces peuples qui ont l’empire ; les nations des zones extrêmes ne l’ont jamais eu. Il est vrai qu’elles n’ont pas non plus été assujetties par eux ; mais, détachées du reste du genre humain, elles vivent solitaires sous la nature inexorable qui les accable.

LXXXI.

1(LXXIX.) D’après les opinions des Babyloniens, les tremblements de terre, les gouffres qui s’ouvrent, ainsi que tout le reste, sont dus à l’action des astres, mais seulement de ces trois