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flamme, elle coûte cinq as (0  fr.,   25) la livre.

XXIII

1 Brûlée avec une portion égale de rubrique, elle se transforme en sandyx ; cependant je vois que Virgile a pris la sandyx pour une herbe, dans ce vers (Ecl. iv, 45) : La sandyx d’elle-même revêtira les agneaux paissants. Elle se vend la livre, moitié moins que la sandaraque ; ce sont les deux36 couleurs les plus pesantes.

XXIV

1 Le syricum est parmi les couleurs artificielles ; on l’emploie, comme nous l’avons dit (XXXIII, 40), en couche sous le minium. On le fait en mélangeant la sinopis et la sandyx.

XXV

1 Nous rangerons également le noir parmi les couleurs artificielles, quoiqu’il soit aussi une terre ayant une double origine. Tantôt il suinte comme une saumure, tantôt pour le préparer on recherche une terre qui est de couleur de soufre. Il y a eu des peintres qui sont allés tirer des sépulcres des charbons à demi brûlés. Tout cela est inutile et nouveau. On fabrique, en effet, le noir de plusieurs façons, avec la fumée37 que donne la combustion de la résine ou de la poix ; aussi a-t-on construit pour cela des laboratoires qui ne laissent pas cette fumée s’échapper. Le noir le plus estimé se fait de cette façon, avec le pinus teda ; on le falsifie avec le noir de fumée des fourneaux et des bains, et c’est de celui-là qu’on se sert pour écrire les livres. Il en est qui calcinent la lie de vin desséchée ; et ils assurent38 que si la lie est d’un bon vin, le noir ainsi obtenu 2 ressemble au noir indien. Polygnote et Micon, très célèbres peintres d’Athènes, en ont préparé avec du marc de raisin, le nommant39 tryginon (τρύξ, lie). Apelle a imaginé d’en préparer avec l’ivoire brûlé, et lui a donné le nom d’eléphantinum. On apporte aussi de l’Inde le noir indien (encre de Chine ?), dont jusqu’à présent la composition m’est inconnue. Les teinturiers en font avec une efflorescence noire qui s’attache aux chaudières de cuivre. On l’obtient encore en brûlant le bois du pinus teda, et en triturant les charbons dans un mortier. Les sèches, par une propriété merveilleuse, ont un noir, mais on ne s’en sert pas. La préparation de tout noir se complète au soleil : du noir à écrire, par l’addition de la gomme ; du noir à enduit par l’addition de la colle. Le noir, dissous dans du vinaigre, s’efface difficilement.

XXVI

1 Parmi les autres couleurs qui, avons-nous dit (XXXV, 12), sont, à cause de leur cherté, fournies par les maîtres, au premier rang est le purpurissum ; il se fait avec la craie à brunir l’argent. On le teint en même temps que les étoffes de pourpre, et il prend la couleur plus vite que les laines. Le meilleur est celui qui, jeté le premier dans la chaudière bouillante, s’imbibe des sucs encore dans toute leur force. Le second en qualité est celui que donne la même chaudière après l’extraction du premier. À chaque nouveau bain la qualité va en diminuant40, le liquide devenant moins chargé de couleur. Si on 2 préfère le purpurissum de Pouzzoles à ceux de Tyr, de la Gétulie et de la Laconie, d’où viennent cependant les pourpres les plus précieuses, c’est qu’il s’imbibe surtout d’hysginum (IX, 65, 3), et qu’on le force à absorber la garance. Le moins bon des purpurissum vient de Canusium. Le purpurissum se vend depuis un denier (0 fr. 85) jusqu’à trente (24 fr. 60) la livre. Ceux qui peignent, mettant sur une couche de sandyx du purpurissum avec de l’œuf, donnent à leur couleur l’éclat du minium ; s’ils veulent faire du pourpre, ils met-