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tent du purpurissum avec de l’œuf sur une couche de bleu (XXXIII, 57).

XXVII

1 Après cette couleur, l’indigo tient le premier rang ; il vient de l’Inde, et c’est un limon adhérent à l’écume des joncs. Broyé, il est noir ; mais, délayé, il donne une teinte magnifique de bleu pourpré. Une autre espèce de bleu est ce qui surnage sur les chaudières des teinturiers en pourpre, c’est l’écume de la pourpre. Les falsificateurs teignent avec le vrai indigo la fiente de pigeon, ou colorent avec du pastel la craie de Sélinonte ou la craie annulaire (XXXV, 30). On éprouve l’indigo avec le charbon : celui qui est pur produit une belle flamme couleur de pourpre, et la fumée a une odeur marine ; quelques-uns, par cette raison, croient qu’on le récolte sur les écueils. Le prix de l’indigo est de vingt42 deniers (16 fr. 40) la livre. En médecine, il apaise les frissons et les fluxions, et dessèche les plaies.

XXVIII

1 L’Arménie envoie la substance qui porte son nom. C’est une pierre qui se teint comme la chrysocolle (XXXIII, 26). Le meilleur arménium43 est celui qui approche le plus de la chrysocolle, en tirant sur le bleu. On le vendait d’ordinaire trente sesterces (6 fr. 30) la livre ; mais on a trouvé en Espagne un sable qui reçoit la même préparation, ce qui a fait tomber l’arménium à six deniers (4 fr. 92). Il diffère du bleu par un peu de blancheur, ce qui en fait une couleur plus tendre. En médecine, on ne l’emploie que pour entretenir les poils, et particulièrement les cils (bol d’arménie).

XXIX

1 On se sert depuis peu de deux couleurs nouvelles ; elles sont au rang des moins chères44. L’une est un vert nommé appien ; notons qu’il simule la chrysocolle, comme si beaucoup de contrefaçons de cette substance ne figuraient pas déjà ici. Le vert appien se fait avec une craie verte ; il vaut un sesterce (0 fr. 21) la livre.

XXX

1 L’autre couleur s’appelle annulaire (XXXV, 27) ; c’est un blanc dont on se sert pour donner de la lumière aux figures de femmes. Il se fait aussi avec de la craie, à laquelle on mêle les verroteries que le peuple porte à ses anneaux ; de là vient le nom d’annulaire.

XXXI

(VII.) 1 Des couleurs, celles qui aiment un enduit sec et qui refusent de prendre sur un enduit humide sont le purpurissum, l’indigo, le bleu, le mélinum, l’orpiment, le vert appien, la céruse. On teint les cires avec ces mêmes couleurs pour les peintures à l’encaustique. Cela ne peut se pratiquer sur les murailles ; mais cela est commun sur les vaisseaux de guerre, et même, à présent, sur les bâtiments de transport. En effet, nous décorons ces dangereux véhicules : qu’on ne s’étonne donc pas si nous peignons aussi les bûchers, et si nous faisons conduire, dans des chars pompeux, des gladiateurs qui vont à la mort, ou du moins au carnage. À la vue de cette variété de tant de couleurs, on se complaît à admirer l’antiquité.

XXXII

1 C’est avec quatre couleurs seules, le mélinum (XXXV, 19) pour les blancs, le sil attique pour les jaunes, la sinopis du Pont pour les rouges, l’atrament pour les noirs, qu’Apelle, Échion, Mélanthius, Nicomaque, ont exécuté des œuvres immortelles, peintres si célèbres, dont un seul tableau s’achetait aux prix des trésors des villes. Aujourd’hui que la pourpre est employée à peindre les murailles, et que l’Inde nous envoie le limon de ses fleuves (XXXV, 27) et le sang de ses dragons et de ses élé-