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PLINE.

visible dès qu’elle est à moins de quatorze degrés du soleil : 2ce fait prouve que les planètes sont plus grandes que la lune, puisqu’elles font leur émersion, même parfois à sept degrés ; c’est l’éloignement où elles sont qui nous les fait paraître plus petites. Les étoiles fixes sont invisibles aussi pendant le jour, à cause de l’éclat du soleil, bien qu’elle brillent comme lui pendant la nuit : on en a la preuve lors des éclipses du soleil, et dans les puits très profonds.

XII.

1(XV.) Parmi les planètes, trois que nous avons dites supérieures au soleil (II, 6) sont cachées quand elles entrent en conjonction avec lui ; elles le quittent à une distance d’au plus onze degrés, et font leur émersion le matin ; puis ses rayons les arrêtent lorsqu’elles sont en trine aspect, c’est-à-dire, à cent vingt degrés, et elles font leur station matinale ou première station ; ensuite en opposition, c’est-à-dire, à cent quatre-vingts degrés, elles font leur lever du soir ; enfin de l’autre côté, à cent vingt degrés, elles font leur station du soir ou seconde station, jusqu’à ce que le soleil, n’en étant plus qu’à douze degrés, les rende invisibles, ce qui est appelé leur coucher du soir. 2Mars étant plus près ressent l’action des rayons du soleil dès la quadrature, c’est-à-dire, dès quatre-vingt-dix degrés ; d’où le nom de premier et second nonagésimal, suivant qu’il s’agit de l’un ou de l’autre lever. Quand il est stationnaire il emploie six mois à parcourir un signe ; hors de là, il parcourt un signe en deux mois ; les deux autres planètes supérieures, au contraire, ne mettent pas quatre mois pleins à parcourir le signe où elles font leur station. 3Les deux planètes inférieures sont invisibles dans la conjonction du soir, de la même façon ; puis, abandonnant le soleil, elles font leur lever du matin à la distance d’autant de degrés que les planètes précédentes. Quand elles sont à leur plus grand éloignement du soleil, elles rétrogradent vers lui ; l’ayant atteint, elles deviennent invisibles au coucher du matin, et dépassent cet astre ; puis, à la même distance qu’au lever du matin, elles font leur lever du soir, et atteignent la limite dont nous venons de parler ; de ce point elles rétrogradent vers le soleil, et disparaissent au coucher du soir. Vénus fait (15) ses deux stations l’une le matin et l’autre le soir, séparées chacune par un lever, quand elle est le plus loin du soleil. Les stations de Mercure sont trop courtes pour pouvoir être appréciées.

XIII.

1 Telle est la théorie des apparitions et des disparitions des planètes, théorie compliquée, et pleine de choses merveilleuses. En effet, elles changent de dimension et de couleur, elles s’approchent du septentrion, elles s’écartent vers le midi ; tout à coup on les trouve voisines tantôt de la terre, tantôt du ciel. Nous allons sans doute, sur beaucoup de points, nous éloigner des explications données par les anciens, mais nous avouons que le pas que nous allons faire est dû aussi à ceux qui les premiers ont montré la voie des recherches ; c’est une raison pour ne pas désespérer du progrès indéfini des siècles. 2Ces phénomènes sont le résultat de causes nombreuses. La première est dans les cercles que les Grecs appellent (car il faudra nous servir de noms grecs) apsides. Chacune des planètes a ses cercles particuliers, qui sont différents de ceux du monde ; car la terre, avec ses deux sommets qu’on appelle pôles, est le centre du monde, ainsi