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PLINE.


donc en être avec tant de bûchers qui brûlent sur le globe ? Quelle est cette nature, qui, sans dommage pour elle-même, satisfait à la voracité de l’élément le plus avide de l’univers ? Qu’on y ajoute les astres innombrables et le soleil immense ; qu’on y ajoute les feux allumés par l’homme, ceux que renferme le sein de la pierre, ceux qui jaillissent de bois frottés l’un contre l’autre (XVI, 77), ceux qui viennent des nuées et qui engendrent les foudres ; 2certes c’est un miracle surpassant tous les miracles, qu’il y ait eu un seul jour sans une conflagration générale. Songez que même des miroirs concaves, réfléchissant les rayons du soleil, allument les objets plus facilement qu’aucun autre feu ; songez encore que de petits feux innombrables sont semés partout dans la nature. Dans le Nymphæum (II, 110) il sort d’une roche une flamme que les pluies activent ; il en sort une semblable près des eaux Scantiennes (57) ; celle-ci est faible quand elle se communique à un autre objet et n’y dure pas longtemps. 3Un frêne qui ombrage cette fontaine de feu est couvert d’un feuillage toujours vert. Dans le territoire de Modène, il jaillit une source enflammée les jours consacrés à la fête de Vulcain (au mois d’août). On trouve chez les auteurs que dans les campagnes placées au-dessous d’Aricie (III, 9) le sol s’embrase si un charbon y tombe ; qu’une pierre frottée d’huile s’enflamme dans le territoire des Sabins et dans celui des Sidicins (III, 9) ; que dans la ville d’Egnatia, du territoire de Salente, un morceau de bois posé sur une certaine pierre consacrée prend feu aussitôt ; que sur l’autel de Junon Lacinienne, situé en plein air, la cendre reste immobile, malgré le souffle de la tempête.

4 Bien plus, des feux subits apparaissent dans les eaux, et même sur des corps humains. Le lac Trasimène tout entier s’est embrasé. À Servius Tullius (XXXVI, ch. dernier), enfant, une flamme jaillit de la tête pendant son sommeil. Valerius Antias raconte que, L. Marcius en Espagne haranguant les soldats après la mort des Scipions, et les exhortant à la vengeance, une flamme s’alluma de même sur sa tête. J’entrerai bientôt dans des détails plus précis ; en ce moment je montre, comme en un groupe, les merveilles de toutes les choses : mais, sortant de l’explication de la nature, je me hâte de conduire, pour ainsi dire par la main, le lecteur sur la surface de globe entier.

CXII.

1(CVIII.) La portion du monde que nous habitons, et dont j’entends parler, flottant en quelque sorte sur l’Océan, qui, comme on l’a vu (II, 66), l’entoure de toutes parts, a la plus grande dimension de l’est à l’ouest, à savoir de l’Inde jusqu’aux Colonnes d’Hercule, consacrées près de Cadix, dans une longueur de 8,568,000 pas (1261 myr., 6380), d’après Artémidore, de 9,818,000 (1445 myr., 7005) d’après Isidore. Artémidore ajoute en plus depuis Cadix, en doublant le promontoire Sacré jusqu’au promontoire Artabrum, dernière limite de la côte d’Espagne, 491,000 pas (58). 2La mesure peut se prendre par deux lignes. Du Gange et de son embouchure dans l’océan Oriental, à travers l’Inde et la Parthyène jusqu’à Myriandre, ville de Syrie, située dans le golfe d’Issus, 5,215,000 pas ; de là, naviguant en droite ligne par Chypre, Patare de Lycie, Rhodes, Astypalée, îles de la mer Carpathienne, Ténare de la Laconie, Lilybée de la Sicile, Calaris