Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T1 - 1848.djvu/177

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[1] Jusqu'à présent la situation et les merveilles de la terre, des eaux et des astres, ainsi que la théorie et la mesure de l'univers, nous ont occupé. Maintenant venons aux parties. Mais cela même passe pour un sujet infini, et dont il n'est guère possible de s'occuper sans s'exposer à quelque blâme : cependant nulle part l'indulgence n'est plus de mise, si l'on veut bien ne pas s'étonner qu'un homme ne connaisse pas toutes les choses humaines.

[2] Aussi ne suivrai-je exclusivement aucun auteur; mais dans chaque partie je ne m'attacherai qu'à celui que je croirai le plus sûr, car presque tous ont cela de commun d'avoir décrit le mieux les contrées où chacun écrivait. En conséquence, je ne blâmerai personne, je ne réfuterai personne. Les noms seuls des localités seront énoncés avec autant de brièveté que faire se pourra, et je renvoie en lieu et place à parler de leur illustration et de ce qui la cause; en ce moment il est question de l'ensemble.

[3] En conséquence, je voudrais qu'on vît dans cet exposé un catalogue de noms veufs de leur gloire, et tels qu'ils furent à l'origine, avant toute œuvre consignée dans l'histoire; sorte de nomenclature, il est vrai, mais nomenclature du monde et de la nature.

[4] Le globe entier de la terre est divisé en trois parties, l'Europe, l'Asie, et l'Afrique. Notre point de départ est au couchant et au détroit de Cadix, par où l'océan Atlantique, faisant irruption, vient former les mers intérieures. Quand de l'Océan on entre par ce détroit, on a à droite l'Afrique, à gauche l'Europe, entre lesquelles est l'Asie. Les limites sont le Tanaïs et le Nil. Ce bras de l'Océan dont nous parlons a 15.000 pas (01) de long et 5.000 de large, du bourg Mellaria, en Espagne, au promontoire Blanc, en Afrique, suivant Turranius Gracillis, qui naquit dans le voisinage.

[5] Tite-Live et Cornélius Népos en ont évalué la moindre largeur à 5.000 pas, la plus grande à 10.000. C'est par une ouverture aussi resserrée que se développe l'immense étendue de ces eaux. Et la profondeur ne vient pas diminuer la merveille : en effet, des lignes nombreuses de hauts fonds blanchissants épouvantent les navires : aussi plusieurs ont-ils nommé ce lieu le Seuil de la mer intérieure. A l'endroit le plus rétréci s'élèvent des deux côtés des montagnes qui resserrent le détroit, Abila en Afrique, Calpé en Europe, limites des travaux d'Hercule. Les habitants les nomment Colonnes de ce dieu, et pensent que percées elles laissèrent pénétrer des mers contenues jusqu'alors, et qu'ainsi fut changée la face de la nature.

I. (I.) [1] Nous commencerons par l'Europe, nourrice du peuple vainqueur de tous les peuples, et, à beaucoup près, la plus belle portion de la terre; et plusieurs avec raison en ont fait