et d'innombrables stations, sous le nom de Danube. Ses eaux grossissent immensément; il prend le nom d'Ister dès qu'il entre en Illyrie, et reçoit soixante rivières, dont la moitié environ sont navigables: il se jette par six bras considérables dans le Pont-Euxin. Le premier bras est dit bras de Peucé, à cause de l'île de Peucé, dont il est le plus voisin; il s'absorbe dans un grand marais de 49.000 pas de long;
[8] le même bras, au-dessus d'Istropolis, forme un lac de 63.000 pas de tour, qu'on appelle Halmyris. Le second bras se nomme Naracustoma; le troisième, Calonstoma auprès de l'île Sarmatique; le quatrième, Pseudostomon, avec l'île (13) appelée Conopon Diabasis (passage des Mouches); puis Boreostoma et Spireostoma. Et ces six bouches sont toutes si considérables, que l'amertume de la mer est, dit-on, vaincue, et l'eau douce à boire dans un espace de 40.000 pas.
XXV. [1] A partir de là, en général, ce sont toutes nations scythiques; cependant le littoral a été occupé par des races diverses, tantôt par les Gètes, appelés Daces par les Romains; tantôt par les Sarmates, que les Grecs appellent Sauromates, et par les Hamaxobiens ou les Aorses, branches sarmatiques; tantôt par les Scythes dégénérés et issus d'esclaves, ou par les Troglodytes; puis par les Alains et les Rhoxalans. Dans les parties supérieure entre le Danube et la forêt Hercynienne, jusqu'aux camps d'hiver de Carnunte en Pannonie et jusqu'à cette frontière germanique, les campagnes et les plaines sont possédées par les Sarmates Jazyges, les montagnes et les forêts par les Daces, qui ils ont repoussés jusqu'au fleuve Pathissus.
[2] En face, à partir du Marus ou de la Duria, quel que soit celui de ces deux fleuves qui les sépare des Suèves et du royaume de Vannius, sont les Basternes et d'autres Germains. Agrippa évalue toute cette région, depuis le Danube jusqu'à l'Océan, à 2.100.000 pas en longueur, et à 404.400 en largeur depuis les déserts de la Sarmatie jusqu'à la Vistule. Le nom de Scythes s'est étendu à tous les Sarmates et à tous les Germains; mais cette ancienne dénomination n'est demeurée qu'à ceux qui, placés au delà de ces populations, vivent presque ignorés du reste des mortels.
XXVI. [1] A partir du Danube on trouve les villes de Cremniscos et d'Aepolium; les monts Macrocremmiens; le Tyra, fleuve célèbre, donnant son nom à une ville qui occupe l'emplacement: d'Ophiusa, formant une île spacieuse habitée par les Tyragètes, et éloigné de la bouche Pseudostomon du Danube de 130.000 pas; puis les stations Axiaques, qui ont pris leur nom du fleuve Axiaces, et, au delà, les Crobyzes; le fleuve Rhode, le golfe de Segaris, le port Ordesus;
[2] à 120.000 pas du Tyra, le fleuve Borysthène; un lac et un peuple de même nom; une ville à 15.000 pas de la mer, appelée anciennement Olbiopolis et Miletopolis; derechef sur la côte, le port des Achéens; l'île d'Achille, célèbre par le tombeau de ce héros; à 125.000 pas, une péninsule étendue obliquement en forme de glaive, nommée Course d'Achille à cause de l'exercice auquel il s'y livra, et ayant, d'après Agrippa, 80.000 pas de long (tout ce parage est occupé par les Scythes Tauriens et les Siraces) ;
[3] puis une région boisée qui a donné son nom à la mer de Hylé (hulê, forêt),et dont les habitants sont appelés Enaecadloens: au delà, le fleuve Panticapes, qui sépare les Nomades