pâturage que la nuit ; à mesure qu’il croît, ils l’endurcissent à la chaleur du soleil, et l’essayent de temps en temps contre les arbres ; quand il leur semble assez dur, ils se montrent au grand jour. On en a pris qui portaient dans leur bols du lierre verdoyant ; ce lierre, implanté pendant qu’ils frottaient leur bois tendre encore contre les arbres pour l’essayer, y avait pris racine comme 7 sur un végétal. On en trouve qui sont blancs, comme fut, dit-on, la biche de Q. Sertorius, lequel avait persuadé aux nations espagnoles qu’elle rendait des oracles. Le cerf est aussi en hostilité avec les serpents (xxviii, 9 et 42) ; il cherche les cavernes de ces reptiles, et, par le souffle de ses narines, il les force à en sortir ; aussi l’odeur de la corne de cerf brûlée à une vertu singulière pour chasser les serpents. Quant aux morsures de ces reptiles, le meilleur remède est la présure d’un faon tué dans le ventre de sa mère. La longévité des cerfs est un fait reconnu. Quelques-uns ont été pris, au bout de cent ans, avec des colliers d’or qu’Alexandre le Grand leur avait fait mettre, et qui étaient cachés sous les plis de la peau, à cause de l’embonpoint 8 que ces animaux avaient acquis. Le cerf n’éprouve pas les maladies fébriles, et même il en préserve : en effet, nous savons que quelques dames d’un rang illustre avaient naguère l’habitude de manger de la chair de cerf tous les matins, et furent exemptées de la fièvre pendant une longue vie. On pense que cette propriété n’est sûre que quand l’animal a été tué d’un seul coup. (xxxiii.) À la même espèce que le cerf appartient un animal qui n’en diffère que parla barbe et les poils des épaules, et qu’on appelle tragélaphe (35) ; ou ne le trouve que sur les bords du Phase.
1 LI. L’Afrique est presque le seul pays qui ne produise pas de cerfs ; mais elle produit le caméléon, bien qu’il soit plus commun dans l’Inde. Sa forme et sa grandeur seraient celles d’un lézard si ses jambes n’étaient pas droites et plus élevées ; la poitrine se confond avec le ventre, comme dans les poissons, et son épine dorsale fait une saillie semblable. Son museau, autant que cela se peut dans un petit animal, ne diffère guère de celui du cochon. Sa queue est très-longue, finit par être très-mince, et forme des replis comme celle de la vipère. Ses ongles sont crochus ; ses mouvements sont lents comme ceux de la tortue. Son corps est écailleux comme celui du crocodile. Ses yeux sont enfoncés dans l’orbite, séparés par un intervalle étroit, très-grands et de la même couleur que le corps ; il ne les ferme jamais ; il regarde autour de lui, non par le mouvement de la prunelle, mais en tournant le 2 globe entier de l’œil (xi, 55, no 4). Toujours la tête haute et la gueule ouverte, il est le seul de tous les animaux qui ne mange ni ne boive, et qui n’ait pas d’autre aliment que l’air. Redoutable vers la fin des jours caniculaires, il est le reste du temps inoffensif. La nature de sa coloration est ce qu’il y a de plus digne d’admiration ; en effet, il change souvent de couleur dans ses yeux, dans sa queue et tout son corps, et reproduit toujours celle dont il est voisin, excepté le rouge et le blanc ; mort il est de couleur pale. Il n’a un peu de chair qu’à la tête, aux mâchoires, et à la naissance de la queue ; il n’en a pas dans le reste du corps. Il n’a de sang que dans le cœur et autour des yeux ; il n’a point de rate. Il hiverne comme les lézards.
1 LII. (xxxiv.) Le renne, chez les Scythes,