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Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T1 - 1848.djvu/499

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LIVRE XII.


I. [1] Telle est l’histoire, par espèces et par organes, de tous les animaux qui ont pu être connus. Reste à parler d’êtres qui ne sont pas non plus dépourvus d’âme, puisque rien ne vit sans âme, des productions végétales de la terre ; après quoi nous traiterons des minéraux extraits de son sein, de sorte que nous n’aurons passé sous silence aucune œuvre de la nature. Longtemps les dons qu’elle recèle demeurèrent cachés, et l’on regardait les arbres et les forêts comme le plus beau présent fait à l’homme.

[2] Ce sont les arbres qui fournirent les premiers aliments, dont le feuillage rendit la caverne plus moelleuse, dont l’écorce servit de vêtement : encore aujourd’hui des nations vivent ainsi. C’est à s’étonner de plus en plus que de tels commencements l’homme en soit venu à percer les montagnes pour en arracher le marbre, à demander des étoffes au pays des Sères (VI, 20 ; XI, 26), à chercher la perle dans les profondeurs de la mer Rouge (IX, 54), et l’émeraude dans les entrailles de la terre. C’est pour ces pierres précieuses qu’on a imaginé de blesser les oreilles ; sans doute ce n’était pas assez de les porter autour du cou et dans les cheveux, il fallait encore les incruster dans la chair. Suivons donc l’ordre des inventions humaines ; parlons d’abord des arbres, et rappelons à nos mœurs leurs commencements.

II. (I.) [1] Les arbres ont été les temples des divinités ; et encore aujourd’hui les campagnes, conservant dans leur simplicité les rites anciens, consacrent le plus bel arbre à un dieu. Et, dans le fait, les images resplendissantes d’or et d’ivoire ne nous inspirent pas plus d’adoration que les bois sacrés et leur profond silence. Chaque espèce d’arbre demeure toujours dédiée à une même divinité, le chêne à Jupiter, le laurier à Apollon, l’olivier à Minerve, le myrte à Vénus, le peuplier à Hercule. Bien plus, les Sylvains, les Faunes, des déesses, des divinités spéciales sont, dans nos croyances, chargés du soin des forêts, comme d’autres divinités président au ciel.

[2] Dans la suite les arbres, par leurs sucs, plus flatteurs que les céréales, ont donné de la douceur à l’homme. Ce sont eux qui fournissent la liqueur de l’olive assouplissant les membres, et le vin ranimant les forces ; c’est d’eux que proviennent spontanément, tous les ans, tant de fruits savoureux qui, encore aujourd’hui, composent le second service de nos tables, bien que pour les couvrir on livre des combats aux bêtes sauvages, et qu’on aille chercher des poissons repus du corps des naufragés. En outre, les arbres servent à mille usages indispensables à la vie. C’est avec l’arbre que nous sillonnons les mers et que nous rapprochons les pays éloignés ; c’est avec l’arbre que nous construisons nos édifices ; c’est avec l’arbre que l’on faisait les statues des dieux avant qu’on eût attaché du prix aux dépouilles d’un animal mort, avant que, le luxe s’autorisant pour ainsi dire du culte des dieux, on ne vit resplendir du même ivoire la tête des divinités et le pied de nos tables. On raconte que les Gaulois, séparés de nous par les Alpes, boulevard insurmontable alors, eurent, pour premier motif d’inonder l’Italie, la vue de figues sèches, de raisins, d’huile et de vin de choix rapportés par Hélicon, citoyen helvétien, qui avait séjourné à Rome en qualité d’artisan. On peut les excuser d’avoir cherché même par la guerre ces productions.