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LIVRE XIV


marquables ; il y en aurait presque autant que de vignobles : il suffira de signaler les plus célèbres et celles qui ont quelque propriété singulière.

<2> Le premier rang est donné aux vignes amminéennes (gros plant}, à cause de la fermeté et de la vitalité du vin, qui gagne en vieillissant. On en a cinq espèces. Deux s’appellent sœurs : la petite sœur a le grain plus petit, passe mieux la floraison, supporte les pluies et les mauvais temps. Il n’en est pas de même de la grande sœur ; toutefois, cette dernière souffre moins, mariée aux arbres que mise en treille. Deux autres portent le nom de jumelles, parce que les grappes y viennent toujours deux à deux ; le vin a un goût très âpre, mais une grande force. De ces deux dernières la plus petite souffre du vent du midi, tandis que les autres vents la nourrissent, par exemple sur le mont Vésuve et les collines de Surrente ; dans les autres parties de l’Italie, on l’accomode toujours à des arbres. La cinquième espèce se nomme laineuse ; elle est tellement revêtue de duvet, que nous ne devons pas nous étonner des arbres à laine de la Sérique ou de l’Inde ; c’est la première des vignes amminéennes qui mûrisse ; le raisin en pourrit très promptement.

<3> Le second rang appartient aux vignes nomentanes, dont le bois est rouge ; aussi quelques-uns les ont-ils appelées vignes rouges : elles donnent moins de vin, à cause d’un excès de marc et de lie. Elles résistent très bien aux frimas ; la sécheresse leur fait plus de mal que la pluie, la chaleur que le froid ; aussi les préfère-t-on dans les localités froides et humides. Celle qui a le grain plus petit produit davantage ; celle qui a la feuille fendue produit moins.

<4> Les vignes apianes (le muscat) ont reçu ce surnom des abeilles, qui en sont très friandes.


On en a deux espèces ; elles sont couvertes aussi de duvet ; ce qui les distingue, c’est que l’une mûrit plus rapidement, quoique l’autre soit hâtive aussi. Elles ne craignent pas les localités froides ; et cependant aucune ne pourrit plus vite par la pluie. Le vin qu’elles produisent, doux d’abord, prend de l’âpreté avec les années : c’est la vigne que l’on cultive le plus en Étrurie. Telles sont les plus célèbres vignes propres à l’Italie et originaires de cette contrée ; les autres ont été transportées de Chios ou de Thasos.

<5> La petite grecque n’est pas inférieure en bonté aux vignes amminéennes ; le grain en est extrêmement tendre, et la grappe si petite, qu’il n’y a de profit à la cultiver que dans un sol très gras. L’eugénie, dont le nom indique la bonté, est venue des coteaux de Taurominium ; elle n’a réussi que dans le territoire d’Albe ; transplantée ailleurs, elle dégénère aussitôt. En effet, quelques vignes ont un tel amour pour le sol qui les a portées, qu’elles y laissent toute leur gloire, et ne passent nulle part ailleurs tout entières.

<6> C’est ce qui arrive pour la vigne rhétique et pour la vigne allobrogique, que plus haut (xiv, 3, 7) nous avons appelée poissée ; célèbres dans leur patrie, ailleurs elles ne sont pas reconnaissables. Toutefois, productives, elles compensent la bonté par l’abondance. L’eugénie aime les lieux brûlants, la rhétique, les lieux tempérés, l’allobrogique, les lieux froids : cette dernière mûrit par la gelée, et le fruit en est noir. Les vins provenant des vignes que nous avons jusqu’à présent énumérées, même des vignes à raisin noir, passent en vieillissant à la couleur blanche. Les autres vignes n’ont pas de renom.

<7> Quelquefois cependant, grâce au ciel ou au sol, les vins se conservent, par exemple les vins de la vigne fécenienne et ceux

Texte latin


sed maxime insignia, quippe totidem pæne sunt quot agri, quam ob rem celeberrimas uitium aut quibus est aliqua proprietate miraculum ostendisse satis erit.

21 Principatus datur Aminneis firmitatem propter senioque proficientem uini eius utique uitam. Quinque earum genera. ex iis germana minor acino melius deflorescit, imbres tempestatesque tolerat, non item maior, sed in arbore quam in iugo minus obnoxia.

22 Gemellarum, quibus hoc nomen uuæ semper geminæ dedere, asperrimus sapor, sed uires præcipuæ. ex iis minor austro læditur, ceteris uentis alitur, ut in Vesuuio monte Surrentinisque collibus, in reliquis Italiæ partibus non nisi arbori accommodata. quintum genus lanatæ. ne Seras miremur aut Indos adeo, lanugo eam uestit. prima ex Aminneis maturescit ocissimeque putrescit.

23 Proxima dignitas Nomentanis, rubente materia, quapropter quidam rubellas appellauere uineas. hæ minus fertiles, uinaceis et fæce nimiæ, contra pruinas fortissimæ, siccitate magis quam imbre, æstu quam algore uexantur. quam ob rem in frigidis umidisque principatum obtinent. fertilior quæ minor acino et folio scissa minus.


24 Apianis apes dedere cognomen, præcipue earum auidæ. ex iis duo genera lanugine et ipsa pubescunt. distant quod altera celerius maturescit, quamquam et altera properante. situs frigidi iis non respuuntur, et tamen nullæ celerius imbre putrescunt. uina primo dulcia austeritatem annis accipiunt. Etruria nulla magis uite gaudet.

25 Et hactenus potissima nobilitas datur peculiaribus atque uernaculis Italiæ ; ceteræ aduenere. e Chio Thasoue Græcula non inferior Aminneis bonitate, prætenera acino et uua tam parua, ut nisi pinguissimo solo colere non prosit. eugeniam Tauromenitani colles cum generositatis cognomine misere Albano tantum agro, quoniam translata statim mutatur. namque est aliquis tantus locorum amor, ut omnem in iis gloriam suam relinquant nec usque transeant totæ.

26 Quod et in Rætica Allobrogicaque, quam supra picatam appellauimus, euenit, domi nobilibus nec agnoscendis alibi. fecundæ tamen bonitatis uice copiam præstant, eugenia feruentibus locis, Rætica temperatis, Allobrogica frigidis, gelu maturescens et colore nigra.

27 Ex his quas adhuc diximus, sed etiam e nigris, uina uetustate in album colorem transeunt. reliquæ ignobiles, aliquando tamen cæli aut soli opera