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vigne. D’un autre côté, le sable blanc dans le territoire du Tésin, le sable noir en plusieurs lieux, et le sable ronge, même mélangés avec une terre grasse. sont improductifs. 2 Souvent aussi les signes d’après lesquels on juge sont trompeurs. Un sol que des arbres élevés décorent n’est pas toujours un sol favorable, si ce n’est pour ces arbres. Qu’y a-t-II de plus grand que le sapin, et quel autre végétal pourrait vivre dans le même lieu ? Les prés verdoyants ne sont pas non plus toujours l’indice d’un sol gras : quoi de plus renommé que les pâturages de la Germanie ? Cependant il n’y a qu’une couche très mince de terre, et aussitôt on trouve le sable. La terre qui produit de grandes herbes n’est pas toujours humide, pas plus, certes, que n’est toujours grasse celle qui adhère aux doigts ; ce que prouve l’argile. 3 Aucune terre rejetée et foulée dans le trou qu’on vient de faire ne le remplit cette expérience ne peut donc en indiquer la densité ou la rareté. De même, toute terre rouille le fer. On ne peut déterminer la pesanteur ou la légèreté de la terre en la rapportant à un poids donné. Quel serait en effet ce poids auquel on la rapporterait ? Les alluvions des fleuves ne sont pas toujours louables, car il est des plantes dont l’eau hâte la vieillesse ; et même la bonne terre d’alluvion n’est longtemps bonne que pour le saule. Parmi les indices de la bonté de la terre, on compte la grosseur du chaume, qui est telle dans le Labour, contrée célèbre de la Campanie, qu’on s’en sert en guise de bois ; mais ce même sol, partout dur à labourer, difficile à cultiver, fatigue pour ainsi dire plus le cultivateur par ses qualités qu’il ne le fatiguerait par ses défauts. 4 La terre qu’on nomme charbonnée passe pour être susceptible de s’amender avec des plants de vigne maigre. Le tuf (xxxvi, 48), naturellement raboteux et friable, est recommandé par certains auteurs. Virgile (Géorg., ii, 189) ne condamne pas pour la vigne la terre qui porte de la fougère. On confie avec sûreté à des terres salées bien des plantes, vu qu’elles sont plus à l’abri de la pullulation des insectes nuisibles. Les coteaux, si on sait les fouir, ne laissent pas le travail sans récompense ; toutes les plaines ne sont pas moins accessibles qu’il n’est besoin aux rayons du soleil et aux vents. Certaines vignes, avons-nous dit (xiv, 4, 12), s’alimentent par les gelées blanches et les brouillards. En toute chose il est des secrets profondément cachés ; c’est à l’intelligence de chacun à les pénétrer. 5 Bien plus, ne voit-on pas changer des localités depuis longtemps jugées et éprouvées ? En Thessalie, dans les environs de Larisse, le dessèchement d’un lac rendit la contrée plus froide, et les oliviers, qui y poussaient autrefois, cessèrent d’y venir ; l’Hèbre s’étant rapproché d’Aenos, cette localité vit ses vignes se geler, ce qui n’arrivait pas auparavant. Dans les environs de Philippes, le pays ayant été séché par la culture, l’état du climat fut changé. Dans le territoire de Syracuse, un agriculteur étranger, ayant épierré son champ, perdit sa récolte par le limon, et il lui fallut reporter les pierres. En Syrie, le soc de la charrue est léger, et on ne fait qu’un sillon superficiel, parce qu’au-dessous est une roche qui en été brûle les semences. 6 Suivant les lieux, les effets d’une chaleur excessive et du froid sont semblables : la Thrace est fertile en grains par l’influence du froid ; l’Afrique et l’Égypte, par l’influence du chaud. A Chalcia (v, 36), île appartenant aux Rhodiens, est un lieu tellement fécond, qu’après y avoir récolté l’orge semée à l’époque ordinaire, on en fait immédia-



ribus anteponunt, quamquam præpingues, quod excipitur in eo genere. Invicem sabulum album in Ticiniensi multisque in locis nigrum itemque rubrum, etiam pingui terræ permixtum, infecundum est. 2 Argumenta quoque iudicantium sæpe fallunt. Non utique lætum solum est, in quo proceræ arbores nitent, præterquam illis arboribus. Quid enim abiete procerius ? at quæ vixisse possit alia in loco eodem ? nec luxuriosa pabula pinguis soli semper indicium habent. Nam quid laudatius Germaniæ pabulis ? at statim subest harena tenuissimo cæspitum corio. Nec semper aquosa est terra, cui proceritas herbarum, non, Hercules, magis quam pinguis, adhærens digitis, quod in argillis arguitur. 3 Scrobes quidem regesta in eos nulla conplet, ut densa atque rara ad hunc modum deprehendi possit, ferroque omnis rubiginem obducit. Nec gravis aut levior iusto deprehenditur pondere. Quod enim pondus terræ iustum intellegi potest ? neque fluminibus adgesta semper laudabilis, quando senescant sata quædam aqua. Sed neque illa, quæ laudatur, diu præterquam salici utilis sentitur. Inter argumenta stipulæ crassitudo est, tanta alioqui in Leborino Campaniæ nobili campo, ut ligni vice utantur. Sed id solum ubicumque arduum opere, difficili cultu, bonis suis acrius pæne, quam vitiis posset, adfligit agricolam. 4 Et carbunculus, quæ terra ita vocatur, emendari intenta cura videtur. Nam tofus naturæ friabilis expetitur quoque ab auctoribus. Vergilius et quæ felicem ferat non inprobat vitibus. Salsæque terræ multa melius creduntur, tutiora a vitiis innascentium animalium. Nec colles opere nudantur, si quis perite fodiat, nec campi omnes minus solis atque perflatus, quam opus sit, accipiunt, et quasdam pruinis ac nebulis pasci diximus vites. Omnium rerum sunt quædam in alto secreta et suo cuique corde pervidenda. 5 Quid quod mutantur sæpe iudicata quoque et diu comperta ? in Thessalia circa Larisam emisso lacu frigidior facta ea regio est, oleæque desierunt, quæ prius fuerant, item vites aduri, quod non antea, Ænos sensit admoto Hebro, et circa Philippos cultura siccata regio mutavit cæli habitum. At in Syracusano agro advena cultor elapidato solo perdidit fruges luto, donec regessit lapides. In Syria levem tenui sulco inprimunt vomerem, quia subest saxum exurens æstate semina. 6 Jam in quibusdam locis similes æstus inmodici et frigorum effectus. Est fertilis Thracia frugum rigore, æstibus Africa et Ægyptus. In Chalcia Rhodiorum insula locus quidam est in tantum fecundus, ut suo tempore satum demetant hordeum sublatumque proti-