Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/469

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malgré une si longue durée, conservé leur fraîcheur. Lanuvium offre également une Atalante et une Hélène peintes près l’une de l’autre par un même artiste ; elles sont nues, toutes deux d’une très grande beauté, mais en l’une des deux on reconnaît une vierge : elles ne sont pas endommagées, quoique le temple soit en ruine. L’empereur Caligula, épris de ces figure, voulut les faire enlever ; mais la nature de l’enduit ne le permit pas. Il subsiste à Cæré des peintures encore plus anciennes ; et quiconque les examinera avec attention conviendra qu’aucun art n’est arrivé aussi promptement à la perfection, puisque, manifestement, il n’existait pas du temps de la guerre de Troie.

VII

IV.
1
Chez les Romains aussi cet art fut honoré de bonne heure ; car c’est de lui que les Fabius Pictor, d’une très illustre maison, ont tiré leur surnom ; et le premier qui l’ait eu peignit lui-même le temple du Salut l’an de Rome 450 ; peinture qui a duré jusqu’à notre époque, et qui a brûlé avec le temple20, sous le règne de l’empereur Claude. Peu après on a célébré la peinture du temple d’Hercule dans le marché aux bœufs, ouvrage du poète Pacuvius ; il était fils de la sœur d’Ennius, et la gloire de cet art s’accrut à Rome de la gloire de l’artiste sur la 2 scène. Plus tard il ne se trouva plus dans des mains honorables, à moins qu’on ne veuille citer de notre temps Turpilius, chevalier romain de la Vénétie, duquel il existe encore de beaux ouvrages à Vérone. Il peignit de la main gauche ; on n’en connaît pas d’exemple avant lui. Titidius Labéon21, mort il y a peu de temps, dans un âge très avancé, ancien préteur, et même ayant géré le proconsulat de la Gaule Narbonnaise, tirait vanité des petits tableaux qu’il exécutait ; mais cela 3 était un objet de ridicule et de risée. À propos de la peinture, je ne dois pas omettre une délibération célèbre de personnes du premier rang : Q. Pédius, personnage honoré du consulat et du triomphe, eut pour petit-fils Q. Pédius, donné par le dictateur César pour cohéritier à Auguste ; cet enfant étant muet de naissance22, l’orateur Messala, à la famille de qui la grand’mère appartenait, proposa de lui enseigner la peinture, et cet avis fut approuvé par le dieu Auguste : l’enfant y avait fait de grands progrès quand il mourut. Mais celui qui à Rome donna le plus de vogue à la peinture fut, si je ne me trompe, M. Valérius Maximus Messala, qui le premier exposa un tableau sur le côté de la curie Hostilie, l’an de Rome 490. Le tableau représentait la bataille qu’il avait gagnée en Sicile sur les Carthaginois 4 et Hiéron. L. Scipion en fit autant ; et il exposa dans le Capitole un tableau représentant la victoire qu’il avait remportée en Asie. Cela, dit-on, déplut à son frère Scipion l’Africain, non sans raison ; car le fils de ce dernier avait été fait prisonnier dans23 la bataille. Lucius Hostilius Mancinus, qui le premier était entré dans Carthage lors de l’assaut, offensa également Scipion Émilien en exposant dans la place publique un tableau représentant le plan de cette ville et les attaques ; il se tenait auprès pour en expliquer le détail au peuple venant voir, complaisance qui lui valut le consulat à l’élection suivante. Dans les jeux donnés par Claudius Pulcher, la scène fit beaucoup admirer l’art de la peinture : les corbeaux, trompés par l’image, s’abattirent sur les décorations qui représentaient des tuiles.

VIII

1 La vogue des tableaux étrangers, à