Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/517

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


voit dans la majeure partie de l’Afrique. Un difficile problème, c’est de savoir comment les matériaux ont été portés à une si grande hauteur : selon les uns, on éleva des monceaux de nitre et de sel à mesure que la construction avançait, et quand elle fut terminée, on les fit fondre en amenant les eaux du Nil. Selon d’autres, on creva des ponts en briques faites en terre, qu’on répartit, l’édifice achevé, entre les maisons des particuliers ; car, disent-ils, le Nil n’a pu être amené là, étant beaucoup plus bas. Dans la plus grande pyramide est un puits de quatre-vingt-six coudées ; on pense qu’il reçut l’eau du fleuve. Le moyen de mesurer la hauteur des pyramides et autres édifices semblables, fut trouvé par Thalès de Milet : il mesura l’ombre à l’heure où elle est égale aux corps.

5 Telles sont ces merveilleuses pyramides. Et enfin, pour qu’on ne s’extasie pas sur l’opulence des rois, la plus petite, mais la plus célèbre, a été construite par une courtisane, par Rhodope. Cette femme partagea l’esclavage et la couche d’Ésope le fabuliste ; et la plus grande merveille, est qu’une courtisane ait pu, à son métier, amasser de si grandes richesses.

XVIII

1 Un autre monument qu’on vante, c’est la tour faite par un roi dans l’île de Pharos, à l’entrée du port d’Alexandrie. Elle coûta, diton 800 talents (3,936,000 fr.). À ce propos je ne dois pas omettre la magnanimité du roi Ptolémée, qui permit à l’architecte Sostrate de Cnide d’inscrire son nom sur l’édifice même. Ce phare sert à signaler par son feu aux navires, dans leur marche nocturne, les bas-fonds et l’entrée du port. De pareils feux sont allumés aujourd’hui en divers lieux, tels qu’Ostie et Ravenne. Le risque est de prendre pour une étoile ces feux non interrompus, parce que de loin ils en ont l’aspect. C’est ce même architecte qui passe pour avoir le premier exécuté un promenoir suspendu, lequel est à Cnide.

XIX

XIII.
Parlons aussi des labyrinthes, l’ouvrage peut-être le plus prodigieux auquel les hommes aient employé l’argent, et nullement chimérique, comme on pourrait l’imaginer. On voit encore en Égypte, dans le nomme d’Héracléopolis, un labyrinthe, le plus ancien de tous, et construit, dit-on, il y a quatre mille six cents ans par le roi Petésuccus ou Tithoës. Cependant Hérodote dit que c’est l’ouvrage de douze rois, dont Psammétique resta le dernier. On ne convient pas de la cause qui le fit bâtir. Démotélès prétend que c’était le palais de Mothérudes ; Lycéas en fait le tombeau du roi Moeris ; plusieurs disent que c’est un monument consacré au Soleil, opinion qui est la plus généralement reçue.

2 Que Dédale ait pris modèle sur ce labyrinthe pour faire celui de Crète, cela n’est pas douteux ; mais il n’en reproduisit que la centième partie, c’est-à-dire celle qui renferme des circuits, des rencontres et des détours inextricables. Il ne faut pas, le comparant à ce que nous voyons sur les pavés en mosaïque, ou dans les campagnes artificielles livrées aux jeux des enfants, y voir un espace étroit, où l’on peut faire plusieurs milliers de pas en se promenant ; mais il faut entendre un édifice offrant des portes nombreuses et de fausses issues qui ramenait sans cesse sur ses pas le visiteur égaré. Ce labyrinthe est le second, celui d’Égypte étant le premier. Le troisième est celui de Lemnos ; le quatrième, celui d’Italie.

3 Tous sont couverts du voûtes en pierre