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PLINE.


militaire en Sicile, et jusqu’à présent à un seul centurion, Cn. Petreius d'Atina, lors de la guerre des Cimbres. Il était primipile sous Catulus ; sa légion fut coupée ; il l’exhorta à se faire jour à travers le camp ennemi : comme son tribun hésitait à prendre ce parti, il le tua, et ramena la légion. 2Je lis dans les auteurs que, outre cet honneur, ce même centurion, revêtu de la prétexte, en présence des consuls Marius et Catulus (an de Rome 652), immola la victime au son de la flûte, le réchaud allumé. Le dictateur Sylla a écrit qu’étant lieutenant dans la guerre des Marses, la couronne de gazon lui fut décernée par l’armée, près de Nola. Il fit même peindre cet événement dans sa villa de Tusculum, qui appartint plus tard à Cicéron. Si le fait est vrai, je dirai que Sylla n’en est que plus exécrable, puisque, par ses proscriptions, il a fait tomber de ses propres mains cette couronne de dessus sa tête, sauveur de quelques citoyens, bourreau de tant de milliers. 3Qu’il ajoute à cette gloire le surnom superbe d’Heureux ; lui-même, en assiégeant dans l’univers entier les proscrits, a cédé cette couronne à Sertorius. Scipion l’Émilien, d’après Varron, reçut la couronne obsidionale en Afrique , sous le consulat de Manilius (an de Rome 605), pour avoir sauvé plusieurs cohortes en en conduisant un nombre égal à leur secours, événement qui a été gravé sur le socle de la statue de Scipion, par les ordres du dieu Auguste, dans le forum qui porte le nom de cet empereur. Auguste lui-même, sous le consulat de M. Cicéron, le fils (an de Rome, 723), aux ides de septembre (le 13 septembre), reçut du sénat la couronne obsidionale, tant la couronne civique paraissait insuffisante! Depuis, je ne trouve plus personne qui l’ait obtenue.

VII.

1 Aucune plante n’était spécialement employée dans cette couronne ; mais on prenait celles qui se trouvaient sur le lieu du danger ; et, quoique obscures elles-mêmes et sans renom, elles donnaient un renom glorieux. Tout cela est mis de côté aujourd’hui, et je ne m’en étonne guère, voyant qu’on néglige même ce qui sert à conserver la santé, à dissiper les douleurs corporelles, à éloigner la mort. Mais qui ne s’élèverait contre les mœurs du jour ? Les délices et le luxe ont augmenté le prix de la vie ; jamais on ne désira plus de vivre, Jamais on n’en prit moins de soin. 2C’est l’affaire d’autrui, pensons-nous ; d’autres s’en occupent sans même que nous les en ayons chargés, et les médecins y pourvoient. Nous, nous jouissons des plaisirs ; et, chose, à mon avis, la plus ignominieuse, nous vivons sur la foi d’autrui. Que dis-je ! le monde raille les recherches auxquelles je me livre, et tourne en ridicule mes travaux ; mais dans ce labeur, immense, il est vrai, ce m’est une grande consolation de partager ce dédain avec la nature ; la nature, qui certes, je le montrerai, ne fait pas défaut aux hommes, et qui a mis des remèdes même dans les plantes haïes, puisqu'elle en a mis dans les plantes épineuses. C’est, en effet, de ces dernières qu'il nous reste maintenant à parler, à la suite de celles que nous avons nommées dans le livre précédent ; et là même nous ne pouvons assez admirer et bénir la providence de la nature. 3Elle nous avait donné, comme nous l’avons dit, des plantes douces au toucher et bonnes à manger ; dans les fleurs elle avait orné de couleurs les remèdes, nous attirant par le plaisir des yeux, et mêlant l’agréable à l’utile. Maintenant elle imagine d’autres plantes menaçantes à voir, dangereuses à toucher ; et il me