Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/107

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Lequel admirerai-je du consulat que vous avez exercé, ou de celui que vous n’avez pas reçu ? Vous n’avez pas exercé le premier dans le repos de la ville, au sein d’une paix profonde, mais en face des nations barbares, comme faisaient autrefois ces grands hommes qui changeaient la robe prétexte pour le manteau de général, et marchaient avec la victoire à la découverte de terres inconnues. Il était honorable pour l’empire, il était glorieux pour vous, de voir nos amis et nos alliés paraître à vos audiences dans leur patrie, au milieu de leurs propres foyers : scène imposante, où l’on revoyait après plusieurs siècles le consul assis sur an tribunal de gazon, et, pour décoration, non seulement les faisceaux, mais une enceinte de lances et d’étendards. Tout relevait la majesté du juge, les costumes variés de ceux qui l’imploraient, et ces voix étrangères, et ces discours si rarement compris sans l’aide d’un interprète. Il est grand, il est beau de rendre la justice aux citoyens ; combien plus de la rendre aux ennemis ! de siéger dans la paix inaltérable du Forum ; combien plus d’asseoir sa chaise curule et d’imprimer les pas d’un vainqueur dans des campagnes sauvages ! de surveiller, exempt de périls et d’inquiétude, des rives menaçantes ; combien plus de braver les frémissements du barbare, et de renvoyer la terreur chez l’ennemi, moins par l’appareil de la guerre que par le spectacle majestueux de la toge ! Aussi n’était-ce pas devant vos images, c’était en votre présence, en parlant à vous-même, qu’on vous saluait imperator ; et ce nom, que d’autres ont obtenu pour avoir subjugué les ennemis, vous le méritiez en les méprisant.

LVII- Telle est la gloire du consulat que vous avez rempli ; venons à celui que vous avez différé. Vous arriviez à peine au rang suprême, et, comme si la mesure de vos honneurs était comblée, et que vous eussiez déjà un motif d’excuse, vous refusez une dignité que de nouveaux empereurs enlevaient à des consuls désignés. On a vu même un prince, à la veille de sa chute, reprendre ce qu’il avait donné, et arracher à son possesseur un consulat dont le temps était presque fini. Ainsi donc cette magistrature, que des hommes nouvellement parvenus à l’empire, ou près de le quitter, convoitent assez pour la ravir à d’autres, vous la cédez à de simples particuliers, quoiqu’elle soit libre et vacante. Etait-ce trop ou d’un troisième consulat pour vous, ou d’un pre-