Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/119

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n’est plus besoin de cacher l’amour, de peur qu’il ne nuise ; de dissimuler la haine, de peur qu’elle ne serve. César approuve ce que le sénat approuve, condamne ce qu’il condamne ; présents, absents, vous êtes toujours ses conseils. Il a fait une troisième fois consuls ceux que vous aviez élus, et dans l’ordre où vous les aviez élus : acte mémorable, qui vous honore également, soit que vos affections s’accordent avec celles du prince, soit qu’il donne la préférence aux vôtres sur les siennes. Des récompenses sont proposées aux vieillards ; aux jeunes gens, des exemples : qu’ils visitent, qu’ils fréquentent les maisons illustres ; elles sont ouvertes, on y entre sans péril. La déférence pour ceux qu’estime le sénat est le plus sûr moyen de se concilier le prince. La grandeur lui paraît s’accroître de ce que chacun acquiert de grandeur ; et il ne met aucune gloire à être au-dessus de tous, si ceux au-dessus desquels il est ne sont placés très haut. Persistez, César, dans ce généreux système, et jugez-nous sur le témoignage de notre renommée. N’ayez d’oreilles, n’ayez d’yeux que pour elle. Repoussez les jugements clandestins, et ces insinuations secrètes, dangereuses surtout pour qui les écoute. Il vaut mieux s’en rapporter à tous qu’à un seul. Un seul peut surprendre on être surpris ; jamais personne n’a trompé tout le monde, ni tout le monde, personne.

LXIII- Je reviens maintenant à votre consulat, sans omettre toutefois des circonstances qui se rapportent à ce consulat, quoiqu’elles l’aient précédé. Je vous louerai donc, avant tout, d’avoir assisté en personne à votre élection, candidat non de la dignité consulaire seulement, mais de l’immortalité et de la gloire, et auteur d’un exemple fait pour être suivi des bons princes, admiré des mauvais. Vous avez paru devant le peuple romain sur l’ancien théâtre de sa souveraineté ; vous avez essuyé jusqu’au bout la longue formule des comices, et toute cette cérémonie qui n’était plus une vaine dérision ; vous avez été fait consul, comme un de ceux que vous prenez parmi nous pour les faire consuls. Quel est celui de vos prédécesseurs qui a rendu cet honneur ou au consulat, ou au peuple ? Les uns, languissamment assoupis, et gorgés encore du repas de la veille, attendaient les nouvelles de leurs comices : les autres ne dormaient pas sans doute ; ils veillaient, mais c’était pour concerter, au fond de leur appartement, l’assassinat ou l’exil