Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/123

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a juré ; il a prononcé, articulé distinctement les paroles par lesquelles il dévouait sa tête et sa maison à la colère des dieux , s’il trahissait sa foi. Vous avez acquis, César, une gloire également grande, que les princes à venir imitent ou n’imitent pas cette conduite. Quel panégyrique pourrait vous louer dignement d’avoir fait la même chose dans un troisième que dans un premier consulat, prince que particulier, empereur que sujet ? Je ne sais pas, non, je ne sais pas ce qu’il faut admirer le plus dans ce serment, de ce que nul autre ne vous en a donné l’exemple, ou de ce qu’un autre vous en a dicté la formule.

LXV- À la tribune aussi, vous vous êtes soumis religieusement aux lois, à des lois, César, que personne n’a faites pour le prince. Mais vous ne voulez pas avoir plus de privilèges que nous ; et c’est pour cela qu’à notre gré vous n’en sauriez avoir trop. Voilà donc une parole que j’entends aujourd’hui pour la première fois, un fait nouveau que j’apprends : le prince n’est pas au-dessus des lois ; les lois sont au-dessus du prince, et l’autorité consulaire a les mêmes limites pour César que pour tout autre consul. Il jure sur la loi, à la face des dieux attentifs (car à qui les dieux donneraient-ils plus d’attention qu’à César ?) ; il jure en présence de ceux qui doivent jurer la même chose que lui ; il jure, plein de l’idée que nul ne doit tenir ses serments avec plus de scrupule que celui qui est le plus intéressé à ce qu’il n’y ait point de parjures. Aussi, en sortant du consulat, avez-vous affirmé par un nouveau serment que vous n’aviez rien fait contre les lois. Ce fut un beau moment quand vous en fîtes la promesse, un plus beau après qu’elle fut accomplie. Mais paraître tant de fois à la tribune, user de vos pas ces degrés où craint tant de monter l’orgueil impérial, y recevoir, y déposer les magistratures, combien c’est vous montrer digne de vous-même ! combien c’est être différent de ces princes qui, après avoir, ou plutôt n’avoir pas exercé le consulat l’espace de quelques jours, s’en déchargeaient par édit ! Et cet édit leur tenait lieu d’assemblée, de harangue, de serment ils voulaient apparemment que la fin répondît au début, et qu’une seule chose annonçât qu’ils avaient été consuls, c’est que d’autres ne l’eussent pas été.

LXVI- Je n’ai pas eu dessein, pères conscrits, de passer sous silence ce qu’a fait le prince dans son consulat : j’ai voulu