Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/165

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son père adoptif disputez s’il est plus beau d’avoir engendré que choisi un tel fils ! Applaudissez-vous tous deux, grands bienfaiteurs de la république, de lui avoir fait cet inestimable présent. Quoique la vertu d’un fils ait donné à l’un de vous les décorations triomphales, à l’autre l’apothéose, votre gloire n’est pas moindre, honorés à cause d’un fils, que si vous aviez mérité ces honneurs par vous-mêmes.

XC- Je sais, pères conscrits, que tous les citoyens, et principalement les consuls, doivent se croire liés par les bienfaits plutôt comme membres de l’Etat que comme particuliers. Car si les injustices publiques sont une cause plus légitime et plus honorable de haïr les mauvais princes que les offenses personnelles, les bons princes sont aussi plus noblement aimés pour le bien qu’ils font au genre humain, que pour les grâces versées sur quelques hommes. Cependant, comme c’est une coutume établie, que les consuls, après avoir exprimé la reconnaissance publique, témoignent aussi en leur propre nom ce qu’ils doivent au prince, permettez-moi de m’acquitter de ce devoir, non pour moi seulement, mais pour un illustre magistrat, mon collègue Cornutus Tertullus. Pourquoi en effet ne ferais-je pas pour lui des remerciements que je dois également à cause de lui ; surtout quand la bonté de l’empereur a fait à deux amis aussi étroitement liés un présent qui, reçu par un seul, n’en eût pas moins mérité la reconnaissance et de l’un et de l’autre ? Le spoliateur et le bourreau des gens de bien nous avait tous deux frappés dans nos amis, et souvent la foudre avait éclaté près de nous. Nous faisions gloire des mêmes amitiés, nous pleurions les mêmes pertes ; les craintes et les douleurs nous étaient communes alors, comme aujourd’hui l’espérance et la joie. Le divin Nerva, honorant nos périls, si ce n’est notre mérite, avait daigné songer à notre élévation, parce que c’était encore un signe du changement des temps, que la prospérité des hommes dont le premier vœu avait été jusqu’alors d’être oubliés du prince.

XCI- Nous n’avions pas encore achevé deux années dans un office laborieux et important, lorsque vous, le meilleur des princes et le plus vaillant des empereurs, vous nous avez offert le consulat, afin qu’un si grand honneur reçût de cette promptitude même un lustre nouveau tant vous différez de