Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/171

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de plus en plus envers la patrie, et d’acquitter en zèle et en dévouement ce que nous recevons en respect et en considération.

XCIV- Je finis mon discours en invoquant, à titre de consul et au nom du genre humain, les dieux protecteurs et gardiens de cet empire. C’est toi surtout que j’implore, Jupiter Capitolin : daigne regarder avec faveur tes propres dons, et ajoute à de si grands présents le bienfait de la durée ! Tu as entendu ce que nous souhaitions à un mauvais prince ; entends ce que nous désirons pour un prince tout différent. Nous ne te fatiguons point par la multitude de nos vœux. Ce n’est ni la paix, ni la concorde, ni la sécurité, ni les richesses ou les honneurs, que nous te demandons : un vœu simple et unique, où sont compris tous les autres, s’échappe de tous les cœurs ; ce vœu, c’est le salut du prince. Et nous ne t’imposons pas une tâche nouvelle : tu l’as pris sous ta garde puissante, dès le moment où tu l’as sauvé de la fureur d’un brigand insatiable de meurtres. Non, ce n’est pas sans ton appui que lorsque toutes les hauteurs étaient foudroyées, l’homme qui était placé le plus haut est demeuré sans atteinte, oublié par un tyran, lui qui n’a pu l’être par le meilleur des princes. Tu as manifesté ton jugement par des signes éclatants, lorsque, à son départ pour l’armée, tu lui as cédé ton nom et tes honneurs. C’est toi qui, déclarant ta volonté par la bouche de l’empereur, as donné un fils à Nerva, aux Romains un père, à toi-même un grand pontife. Je t’adresse donc, avec une pleine confiance, ces mêmes vœux que César nous ordonne de former pour lui : je te prie d’abord, s’il gouverne la république avec justice et dans l’intérêt général, de le conserver à nos neveux et à nos arrière-neveux ; ensuite, de lui accorder, quand l’heure sera venue, un successeur qui soit né de son sang, qu’il ait formé, qu’il ait rendu semblable au fils de l’adoption ; ou, si les destins s’y opposent, je te conjure de diriger son choix, et de lui montrer quelque citoyen digne aussi d’être adopté dans le Capitole.

XCV- Quant à vous, pères conscrits, vos titres à ma reconnaissance sont consignés jusque dans les actes publics. Vous avez tous rendu témoignage à la paix de mon tribunat, à l’équité de ma préture ; et, chaque fois que vous m’avez enjoint de consacrer les fruits de mes études à la défense des