Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/119

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et même les favoris du prince. Il n’y avait pas une de ces circonstances qui, jointe à mon songe, ne dût me détourner de mon entreprise. Je plaidai pourtant, rassuré par cette réflexion, que

Défendre sa patrie est le plus sur présage[1].

Ma parole engagée était pour moi la patrie, et quelque chose de plus cher encore, s’il est possible. Je me trouvai fort bien de ma résolution : c’est même cette cause qui fît d’abord parler de moi, et qui commença ma réputation. Voyez donc si cet exemple ne vous engagera point à mieux augurer de votre songe ; ou, si vous trouvez plus de sûreté à suivre ce conseil du sage, dans le doute, abstiens-toi, faites-le moi savoir. J’imaginerai quelque prétexte. Je plaiderai, pour vous faire obtenir de ne plaider que quand il vous plaira. Après tout, vous êtes dans une situation différente de celle où je me trouvais. L’audience des centumvirs ne souffre point de remise. Celle où vous devez parler ne se remet pas aisément ; mais enfin elle se peut remettre. Adieu.


XIX. - Pline à Romanus.

Nés dans la même ville, instruits à même école, nous n’avons depuis notre enfance presque habité que la même maison. Votre père était lié d’une étroite amitié avec ma mère, avec mon oncle, avec moi, autant que le

  1. Défendre sa patrie, etc. Homer. , lliad. xii, 243.