Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais bien cher pour traiter les autres comme nous-mêmes. C’est notre propre sensualité qu’il faut réprimer et, pour ainsi dire, rappeler à l’ordre, quand nous voulons ménager notre bien : on doit, pour bien faire, fonder son économie sur sa tempérance, et non sur l’humiliation des autres. A quoi tend ce discours ? à vous avertir, vous dont j’estime tant l’heureux naturel, de ne point vous laisser imposer par une sorte de profusion d’autant plus dangereuse, qu’elle se pare des dehors de l’économie. L’amitié que je vous ai vouée exige de moi que toutes les fois qu’en mon chemin je rencontre un exemple semblable, je m’en serve pour vous avertir de ce qu’il faut éviter. N’oubliez donc jamais que l’on ne peut avoir trop d’horreur de ce monstrueux mélange d’avarice et de prodigalité ; et que, si un seul de ces vices suffit pour ternir la réputation, ils ne peuvent que déshonorer davantage, quand ils sont unis. Adieu.

VII. - Pline à Macrin.

Hier le sénat, sur la proposition qu’en fit l’empereur, ordonna qu’il serait élevé une statue triomphale à Vestricius Spurinna, non pas comme à tant d’autres, qui ne se sont jamais trouvés à une bataille, qui n’ont jamais vu de camp, et qui n’ont jamais entendu la trompette qu’au milieu des spectacles ; mais comme à ceux qui ont acheté cet honneur au prix de leurs fatigues, de leur sang et de leurs exploits. Spurinna, à la tête d’une armée, a rétabli le roi des Bructères dans ses états : il lui a suffi de pa-