terai comme s’ils l’étaient ; surtout ici où je ne vois rien à craindre de la chicane d’un délateur. Car, je vous l’avouerai, peut-être hésiterais-je davantage, si j’avais lieu d’appréhender qu’une confiscation ne détournât, au profit du trésor public, des libéralités que je veux faire aux légataires. Mais, comme il est permis à un héritier de disposer à son gré des biens d’une succession, je ne vois rien qui puisse traverser l’exécution de ma loi particulière, que les lois publiques ne désapprouvent pas. Adieu.
XVII. - Pline à Gallus.
Vous êtes surpris que je me plaise tant à ma terre du Laurentin, ou, si vous voulez, de Laurente[1]. Vous reviendrez sans peine de votre étonnement, quand vous connaîtrez cette charmante habitation, les avantages de sa situation, l’étendue de nos rivages.
Elle n’est qu’à dix-sept milles[2] de Rome ; si bien qu’on peut s’y trouver après avoir achevé toutes ses affaires, et sans rien prendre sur sa journée. Deux grands chemins y conduisent, celui de Laurente[3] et celui d’Ostie : mais on quitte le premier à quatorze milles, et le second à onze. En sortant de l’un ou de l’autre de ces chemins, on entre dans une route en partie sablonneuse, ou les voitures roulent avec assez de difficulté et de lenteur ; à cheval, le trajet est plus doux et plus court. De tous les côtés, la vue est très-variée : tantôt la route se resserre entre des bois, tantôt elle s’ouvre et s’étend dans de
- ↑ Ma terre du Laurentin, etc. Pline emploie Laurentinum et Laurens pour désigner la maison de campagne et les terres qu’il possédait dans le voisinage de la ville de Laurente : on sous-entend rus ou prœdium. C’est ainsi que (liv. m, 7) il dit que Silius Italiens a fini ses jours in Neapolitano, c’est-à-dire, dans sa maison de campagne, près de Naples. Il y a peu de différence entre Laurens et Laurentinum. : l’un se rapporte plutôt à la ville, l’autre plutôt au territoire. — On peut voir (liv. v, 6) une description d’une autre terre que Pline possédait en Toscane. On a fait plusieurs tentatives pour retrouver les plans et la structure de ces deux maisons, d’après le texte même de Pline le Jeune ; mais on sent combien cette entreprise était difficile. Félibien, et plusieurs autres architectes habiles ont tracé le plan d’habitations très-élégantes, mais dans lesquelles Pline n’aurait certainement pas reconnu ses deux maisons.
- ↑ Elle n’est qu’à dix-sept milles de Rome. Laurentum, aujourd’hui Torre di Paterno, est à six lieues de Rome. Le nom de Laurentum vient, selon Virgile, d’un laurier sacré que Latimis trouva sur la hauteur, lorsqu’il y fit jeter les fondemens de la citadelle, ou d’une forêt de lauriers qui s’étendait le long de la côte.
- ↑ Celui de Laurente. De Sacy traduit celui de Laurentin : Pline n’entend pas ici le chemin qui mène à sa terre du Laurentin, mais