Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/207

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fenêtres des deux côtés ; mais du côté de la mer, le nombre des croisées est double ; une seule croisée sur le jardin répond à deux sur la mer[1] : quand le temps est calme et serein, on les ouvre toutes ; si le vent donne d’un côté, on ouvre les fenêtres de l’autre. Devant cette galerie est un parterre parfumé de violettes. Les rayons du soleil frappent sur la galerie, qui en augmente la chaleur par la réverbération ; et en recueillant les rayons du soleil, elle préserve encore de l’Aquilon : ainsi, d’une part, elle retient la chaleur, de l’autre, elle garantit du froid[2]. Enfin, cette galerie vous défend aussi du sud ; de sorte que, de différens côtés, elle offre un abri contre les vents opposés. L’agrément que l’on trouve l’hiver en cet endroit, augmente en été. Avant midi, l’ombre de la galerie s’étend sur le parterre ; après midi, sur la promenade[3] et sur la partie du jardin qui en est voisine : selon que les jours deviennent plus longs ou plus courts, l’ombre, soit de l’un soit de l’autre côté, ou décroît ou s’allonge. La galerie elle-même n’a jamais moins de soleil, que quand il est le plus ardent, c’est-à-dire quand il donne à plomb sur la voûte. Elle jouit encore de cet avantage, que, par ses fenêtres ouvertes, elle reçoit et transmet la douce haleine des zéphyrs, et que l’air qui se renouvelle, n’y devient jamais épais et malfaisant.

Au bout du parterre et de la galerie est, dans le jardin, un appartement détaché, que j’appelle mes délices : je dis mes vraies délices ; je l’ai construit moi-même. Là, j’ai un salon, espèce de foyer solaire, qui d’un côté regarde le parterre, de l’autre la mer, et de tous les deux reçoit le soleil : son entrée répond à une chambre voisine, et une de ses fenêtres donne sur la ga-

  1. Une seule croisée, etc. De Sacy avait lu, et altius pauciores : il traduisait, quelques ouvertures en petit nombre dans le haut de la voûte. Notre leçon, adoptée par la plupart des commentateurs, se trouve aussi dans l’édition romaine d’Heusinger. Remarquez que Pline dit plus bas que cette galerie n’a jamais moins de soleil que lorsqu’il frappe sur la voûte, ce qui eût été impossible, si des ouvertures eussent été percées dans le haut de la voûte, comme le supposait De Sacy.
  2. D’une part elle retient, etc. Le traducteur n’avait pas comprisce passage : il avait dit : ainsi d’un côté la chaleur se conserve, et de
  3. Sur la promenade. J’ai suivi la leçon de l’édition romaine, approuvée par Schæfer, et j’ai substitué gestationem à gestationis. {Voyez note 9 du liv. i. )