Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/211

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mais de l’eau pure, et dont la douceur n’est aucunement altérée par le voisinage de la mer. Les forêts d’alentour vous donnent plus de bois que vous n’en voulez : Ostie fournit abondamment toutes les autres choses nécessaires à la vie. Le village même peut suffire aux besoins d’un homme frugal, et je n’en suis séparé que par une seule maison de campagne. On trouve dans ce village jusqu’à trois bains publics ; ressource précieuse, lorsqu’on ne peut se baigner chez soi, parce qu’on est arrivé sans être attendu, ou parce qu’on doit repartir bientôt. Tout le rivage est bordé de maisons, contiguës ou séparées, qui plaisent par la variété seule de leur aspect, et qui, vues de la mer ou même de la côte, présentent l’image d’une multitude de villes. Le rivage, après un long calme, offre une promenade assez douce, mais plus souvent l’agitation des flots le rend impraticable. La mer n’abonde point en poissons délicats : on y prend pourtant des soles et des squilles excellentes. La terre fournit aussi ses richesses : nous avons surtout du lait en abondance, à mon habitation : car les troupeaux aiment à s’y retirer quand la chaleur les chasse du pâturage et les oblige de chercher de l’ombrage ou de l’eau.

N’ai-je pas raison d’habiter cette retraite, de m’y plaire, d’en faire mes délices ? En vérité, vous êtes par trop esclave des habitudes de la ville, si vous ne souhaitez ardemment de venir partager avec moi tant de jouissances. Venez, je vous en prie, venez ajouter à tous les charmes de ma maison, ceux qu’elle emprunterait de votre présence. Adieu.