Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/219

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tez, pour vous déterminer, que la raison. Vous seul aurez besoin d’apologie : je trouverai la mienne dans ma complaisance. Adieu.

XX. - Pline à Calvisius.

Que me donnerez-vous, si je vous conte une histoire qui vaut son pesant d’or ? Je vous en dirai même plus d’une ; car la dernière me rappelle les précédentes : et qu’importe par laquelle je commencerai ? Véranie, veuve[1] de Pison (celui qui fut adopté par Galba), était à l’extrémité. Regulus la vient voir. Quelle impudence, d’abord, à un homme qui avait toujours été l’ennemi déclaré du mari, et qui était eu horreur à la femme ! Passe encore pour la visite : mais il ose s’asseoir tout près de son lit, lui demande le jour, l’heure de sa naissance. Elle lui dit l’un et l’autre. Aussitôt il compose son visage, et, l’œil fixe, remuant les lèvres, il compte sur ses doigts sans rien compter ; tout cela, pour tenir en suspens l’esprit de la pauvre malade. Vous êtes, dit-il, dans votre année climatérique ; mais vous guérirez. Pour plus grande certitude, je vais consulter un sacrificateur dont je n ai pas encore trouvé la science en défaut. Il part ; il fait un sacrifice, revient, jure que les entrailles des victimes sont d’accord avec le témoignage des astres. Cette femme crédule, comme on l’est d’ordinaire dans le péril, fait un codicille, et assure un legs à Regulus. Peu après, le mal redouble, et, dans les derniers soupirs, elle s’écrie : Le scélérat, le perfide, qui enchérit même sur le par-

  1. Veuve. Le texte porte Verania Pisonis, Veranie, femme de Pison ; mais Pison était mort.