Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/233

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propres vertus, je vous aime tendrement. Jugez par là si je puis manquer de contribuer, non-seulement de mes vœux, mais de tous mes efforts, à rendre votre fils semblable à son aïeul ; je dis son aïeul maternel, quoique d’ailleurs je n’ignore pas que son aïeul paternel s’était acquis beaucoup de considération, ainsi que son père et son oncle. Votre fils apprendra bientôt à marcher sur leurs traces, si on lui donne un guide qui lui enseigne les routes de la science et de l’honneur ; mais il importe de bien choisir ce guide. Jusqu’ici son enfance l’a tenu auprès de vous, et sous la conduite de ses précepteurs : là, point d’erreurs, ou très-peu d’erreurs à craindre. Aujourd’hui, que le temps est venu de l’envoyer aux écoles publiques, il faut chercher un rhéteur dont la réputation soit établie, en vertu, en modestie, et surtout en sévérité de mœurs : car, entre autres avantages que cet enfant a reçus de là nature et de la fortune, il est doué d’une beauté singulière ; et c’est un motif, dans un âge si tendre, pour lui donner non-seulement un précepteur, mais un gouverneur et un gardien rigide.

Je ne vois personne plus propre à cet emploi que Julius Genitor. Je l’aime ; mais l’amitié que je lui porte ne séduit point mon jugement : c’est, au contraire, de mon jugement qu’elle est née. Genitor est un homme grave et irréprochable, peut-être un peu sévère et un peu dur, si l’on en juge d’après la licence du siècle. Sur son éloquence, vous pouvez vous en rapporter à l’opinion publique ; car le talent de l’éloquence se manifeste de lui-même et est apprécié sur-le-champ. Il n’en est pas ainsi des qualités de l’âme : elle a des abîmes où il n’est pas facile de pénétrer, et, sous ce rapport, je serai la caution de Genitor. Votre fils ne lui entendra rien dire, dont il ne