Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/279

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bien honorable sans doute, mais qui n’en est pas moins un défaut : c’est d’estimer ses amis au delà de leur valeur. Adieu.

XII. - Pline à Catilius.

J’irai souper chez vous ; mais voici mes conditions : je veux que le repas soit court et frugal : rien en abondance, que les propos d’une douce philosophie ; et de cela même, point d’excès. Craignons d’être surpris demain avant le jour, à la sortie de notre festin, par ces cliens empressés, que Caton lui-même ne rencontra pas impunément[1]. Je sais bien que César le blâme, à cette occasion, d’une manière qui le loue. Il montre[2] ceux qui trouvèrent Caton pris de vin, rougissant de confusion dès qu’ils lui eurent découvert le visage. On eût dit, ajoute-t-il, que Caton venait de les prendre sur le fait, et non pas qu’ils venaient d’y prendre Caton. Quelle plus haute idée pouvait-on donner du caractère de Caton, que de représenter le respect qu’il inspirait encore, malgré son ivresse ? Pour nous, réglons la durée, aussi bien que l’ordre et la dépense de notre repas : car nous ne sommes pas de ceux que leurs ennemis ne sauraient blâmer, sans les louer en même temps. Adieu.

  1. Ces cliens empressés, etc. Les cliens allaient souvent saluer leurs patrons avant le jour. L’anecdote racontée par Pline était sans doute empruntée au livre de l’ Anti-Caton, que César opposa à l’ouvrage de Cicéron, écrit en l’honneur de Caton d’Utique.
  2. Il montre, etc. J’ai lu, avec Schæfer, scribit au lieu de describit : c’est une correction de Casaubon et. de Cellarius.