Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/293

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XVII. - Pline à Servien.

Tout va-t-il bien ? il m’est permis d’en douter, puisqu’il y a si long-temps que je n’ai reçu de vos nouvelles : si tout va bien, êtes-vous occupé ? si vous n’êtes pas occupé, les occasions d’écrire sont-elles rares, ou vous manquent-elles[1] ? Tirez-moi de cette inquiétude, que je ne puis plus supporter : envoyez-moi un courrier, s’il le faut : qu’il vienne m’annoncer ce que je désire, je lui paierai son voyage ; je lui ferai même un présent. Pour moi, je me porte bien, si c’est se bien porter que de vivre dans une cruelle incertitude, que d’attendre de moment à autre des nouvelles qui n’arrivent point ; que de craindre, pour ce que j’ai de plus cher, tous les malheurs attachés à la condition humaine. Adieu.

XVIII. - Pline à Sévère.

Les devoirs du consulat m’obligeaient à remercier le prince au nom de la république[2]. Après m’en être acquitté dans le sénat, d’une manière convenable au lieu, au temps, à la coutume, j’ai pensé qu’en bon citoyen, je devais écrire le discours que j’avais prononcé, et, sur le papier, donner au sujet plus de développement et d’étendue. Mon premier dessein a été de faire aimer à l’em-

  1. Tout va-t-il bien ? etc. , etc. Le sens me paraît plus convenable avec la leçon que j’ai adoptée, qu’avec celles qu’ont proposées plusieurs commentateurs. Voici la traduction de De Sacy, qui me semble avoir peu de grâce et d’élégance : Tout va-t-il bien ? ou quelque chose irait-il mal ? êtes-vous accablé d’affaires ? ou jouissez-vous d’un doux loisir ? les commodités pour écrire sont-elles rares ? ou vous manquent-elles ? etc.
  2. Les devoirs du consulat, etc. Cette lettre, dans laquelle Pline donne des détails sur le Panégyrique de Trajan, peut être considérée, ainsi que la lettre xiii du même livre, comme la préface de cette grande composition. On voit par la lettre xviii que le Panégyrique n’a pas été prononcé tel que nous l’avons aujourd’hui : il était conforme, par son étendue, et sans doute par le ton de l’éloge,