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LETTRES

DE PLINE LE JEUNE.

LIVRE QUATRIÈME.

I. - Pline à Fabatus[1].

VOUS désirez depuis long-temps nous voir ensemble, votre petite fille et moi : ce désir nous flatte, et nous le partageons ; nous ne sommes pas moins avides du plaisir d’être près de vous, et nous ne le différerons pas davantage. Nous faisons déjà nos préparatifs de voyage : nous hâterons notre marche, autant que les chemins le permettront : nous ne nous détournerons qu’une fois, et le détour ne sera pas long. Nous passerons par la Toscane, non pour voir l’état de nos biens en ce pays, car cela se peut remettre à notre retour, mais pour nous acquitter d’un devoir indispensable.

Près de mes terres est un bourg que l’on appelle Tiferne[2], sur le Tibre. Je sortais à peine de l’enfance, que ses habitans me choisirent pour leur protecteur[3] : il semblait que leur affection fût d’autant plus vive, qu’elle était plus aveugle. Depuis ce temps, ils fêtent toujours mon arrivée, s’affligent de mon départ, font des réjouissances

  1. Fabatus. Il y a dans le latin Fabato prosocero suo, c’est-à-dire à Fabatus, aïeul de sa femme.
  2. Tiferne. Aujourd’hui Città di Castello. D. S.
  3. Protecteur. Le texte porte patronum. De Sacy avait traduit par le mot d’avocat. Pouvait-on choisir un enfant pour avocat ? Il était moins ridicule de le choisir pour patron.