Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/319

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vérité[1], je ne crois pas que dans Athènes même on possède mieux l’atticisme. Vous dirai-je tout ce que je pense ? J’envie aux Grecs la préférence que vous avez accordée à leur langue sur la nôtre : car il n’est pas difficile de deviner ce que vous auriez pu faire dans votre propre langue, quand vous avez su trouver tant de beautés dans une langue étrangère. Adieu.

IV. - Pline à Sossius.

J’ai la plus tendre amitié pour Calvisius Nepos : c’est un homme plein d’habileté, de droiture, d’éloquence ; qualités que je place en première ligne. Il est proche parent de C. Calvisius qui demeure dans la même maison que moi, et qui est votre intime ami : c’est le fils de sa sœur. Faites-lui obtenir, je vous prie, une charge de tribun pour six mois[2], et que cette dignité l’élève à ses propres yeux et à ceux de son oncle. Vous m’obligerez ; vous obligerez notre cher Calvisius ; vous obligerez Nepos lui-même, qui certainement, en fait de reconnaissance, n’est pas un débiteur moins solvable que nous-mêmes. Vous avez souvent accordé des grâces ; mais j’ose vous assurer que vous n’en avez jamais mieux placé aucune, et à peine une ou deux aussi bien. Adieu.

  1. En vérité. Nous avons écrit medius fidius, parce que l’usage a prévalu de l’employer ainsi, quoiqu’il eût été plus exact de dire me Dius Fidius. C’est une sorte d’affirmation énergique, qui a le même sens que me Hercule. « Dius fidius et Deus fidius, dit Forcellini, est Jovis filius, quem Sancum, vel Sanguin sabina lingua, Herculem grœca appellari putabant. »
  2. Tribun pour dix mois. A cause du grand nombre des candidats, la charge de tribun s’accordait seulement pour un semestre. Ceci explique deux vers de Juvénal, vii, 88, sur l’histrion Pâris : Ille et militiœ multis largitur honorem, Semestri vatum digitos circumligat auro. Le semestre aurum était l’anneau que portaient les tribuns nommés pour six mois.