Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/327

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et l’avez soutenue par un ton de confiance et d’autorité, pour parler le langage de Démosthènes[1]. Cette pièce est d’une telle ineptie qu’elle doit plutôt exciter le rire que les larmes : on croirait qu’elle a été composée, non pour un enfant, mais par un enfant. Adieu.

VIII. - Pline à Arrien.

Vous vous réjouissez avec moi de ma promotion à la dignité d’augure, et vous avez raison. D’abord, il est toujours glorieux d’obtenir, même dans les moindres choses, l’approbation d’un prince aussi sage que le nôtre. Ensuite, ce sacerdoce, respectable par sa sainteté et par l’ancienneté de son institution, est encore consacré par un autre caractère ; c’est qu’il ne se perd qu’avec la vie. Il est d’autres sacerdoces, dont les prérogatives sont à peu près égales[2], mais qui peuvent s’ôter, comme ils se donnent : sur celui-ci, la fortune ne peut rien, que le donner. Ce qui me le rend encore plus agréable, c’est d’avoir succédé à Julius Frontinus[3], homme d’un rare mérite : à chaque élection, depuis plusieurs années, il me donnait son suffrage, et paraissait, par là, me désigner pour son successeur : l’événement a été si bien d’accord avec ses vœux, qu’il ne semble pas que le hasard s’en soit mêlé. Mais ce qui vous plaît davantage, si j’en crois votre lettre, c’est que Cicéron fut augure : vous me voyez avec joie marcher dans la carrière des honneurs, sur les traces d’un homme que je voudrais suivre dans

  1. Pour parler le langage de Démosthène. Voyez De Corona.
  2. D’autres sacerdoc es. De Sacy a traduit comme s’il y avait omnia au lieu de alia.
  3. Julius Frontinus. Il avait composé plusieurs ouvrages sur l’art militaire et d’autres sciences. Pline l’appelle principem virum : ïl méritait ce titre par ses lumières, par l’éclat de ses dignités, et surtout par ses belles actions. Il fut consul, gouverna la Grande-Bretagne sous Domitien, et réduisit, par les armes, la belliqueuse nation des Silures. Tacite le nomme vir magnus (Vie d’Agric. , 17)